• Saison 2014-2015
Salle Aéroplane
1h15
Dès 12 ans

Textes de Molière et de Jean Vilar
Conception Stanislas Roquette et Stanislas Siwiorek
Mise en scène Stanislas Roquette

À priori, Jean Vilar, homme de conviction, engagé jusqu’à l’épuisement, et Dom Juan, le sulfureux libertin, n’ont rien de commun. Mais il paraît que les contraires s’attirent…

C’est sans doute la clé de la fascination qu’exerçait le héros de Molière sur le directeur mythique du TNP. Ses notes manuscrites en attestent. Il l’appelle le Tenorio et loue « l’esprit fort, en lutte […] contre tout ce qui veut expliquer ou prouver la faiblesse de l’homme », l’insoumis qui brave, jusqu’à la mort, les conventions et les foudres de Celui dont il nie les pouvoirs. Sans omettre de saluer l’insolence « du plus révolutionnaire des personnages dramatiques français ». Il l’a incarné, mis en scène et ce fut le rôle « le plus agréable et le moins lassant qui soit » en même temps que le plus grand succès populaire du TNP.
Le metteur en scène Stanislas Roquette et le comédien Stanislas Siwiorek s’emparent du texte original et de son commentaire, pour façonner un spectacle ludique et profond sur la relation d’un acteur à son personnage et d’un homme à ses obsessions.

Avec Stanislas Siwiorek
Lumière Geneviève Soubirou

« Pouvez-vous voir toutes ces inventions dont la machine de l’homme est composée, sans admirer de quelle façon cela est agencé l’un dans
l’autre ? » demande Sganarelle dans le Dom Juan de Molière.
Le même étonnement nous a frappés lorsqu’à la lecture des souvenirs de Jean Vilar, nous avons découvert que le personnage qu’il a, semble-t-il, préféré jouer, « le plus agréable et le moins lassant qui soit », est précisément celui de Don Juan, « le Ténorio ». Or ce rôle, il l’avoue lui-même, est apparemment aux antipodes de sa personnalité, – lui si fidèle et engagé dans tout ce qu’il entreprend, jusqu’à l’épuisement physique et l’accablement moral : direction d’un théâtre, mise en scène, jeu, animation d’une troupe permanente, écriture, conférences, tournées, vie de famille…
« Plus qu’aucun autre bonhomme, le Ténorio vous délivre, comme en plaisantant, de ces hantises, de tel devoir ou de tel lien qui vous reliait aux autres, à leurs folies, à leurs misères. Il est vraiment le libérateur. Pour celui qui le joue. Au moins. »
Que peut-on risquer dans l’interprétation d’un personnage, à quoi l’on ne veut pas ou n’ose pas donner libre cours dans sa vie ? A partir d’un point d’intimité contradictoire et potentiellement névrotique (la sensation d’enfermement lié à un emploi du temps saturé, et le désir de liberté), comment Vilar a-t-il pu réaliser avec ce spectacle une expérience d’émancipation collective aussi importante (233 représentations, plus de 370 000 spectateurs), le plus grand succès du Théâtre National Populaire ? Quelles correspondances peut-on imaginer entre la quête du héros de Molière et la recherche qui fut celle de Jean Vilar tout au long de sa vie ? Autant de questions qui nous ont aiguillonnés dans notre travail.
Stanislas Roquette et Stanislas Siwiorek

Stanislas Roquette
Né en 1984, titulaire d’une maîtrise de Sciences Politiques, Stanislas Roquette est comédien, metteur en scène et enseignant à Sciences-Po Paris dans le cadre d’ateliers de prise de parole en public et de pratique théâtrale.
Après avoir suivi une formation de comédien à l’école de la Scène sur Saône (Lyon) puis au Conservatoire du 5e arrondissement (Paris), il effectue des cursus en danse contemporaine, clown, improvisation et chant.
Nominé pour la révélation théâtrale au Prix du Syndicat de la Critique 2012, il a récemment joué dans Le Fils de Jon Fosse (le rôle-titre dans la mise en scène de Jacques Lassalle, Théâtre de la Madeleine), Mai, juin, juillet de Denis Guénoun (mise en scène Christian Schiaretti, TNP et Festival d’Avignon 2014), L’inquiétude de Valère Novarina, et deux monologues mis en scène par Denis Guénoun : Artaud-Barrault et Qu’est-ce que le temps ? (Le Livre XI des Confessions d’Augustin), actuellement en tournée en France et à l’étranger.
Après Les lettres et le voyage, spectacle conçu autour du Voyage au bout de la nuit de Céline et des Lettres à un jeune poète de Rilke, joué à la Maison des Métallos de Paris en 2009, il met en scène en 2013, à la Maison Jean Vilar d’Avignon, La machine de l’homme, création sur le rapport de Jean Vilar au personnage du Dom Juan de Molière.
Pour la saison prochaine, il prépare la conception avec Denis Guénoun du spectacle Aux corps prochains (Sur une pensée de Spinoza), coproduction du Théâtre National de Chaillot et du Théâtre National Populaire, ainsi que l’interprétation du rôle-titre dans Lorenzaccio, la pièce de Musset mise en scène par Gérald Garutti.

Stanislas Siwiorek
Né en 1984, Stanislas Siwiorek est comédien et danseur.
Après avoir suivi une formation de comédien au Conservatoire du Centre et du 5ème arrondissement (Paris), il effectue des cursus en danse contemporaine et classique, clown, et chant.
Comme comédien, il a récemment joué sous la direction de Thissa d’Avila Bensalah pour la création Avez-vous eu le temps de vous organiser depuis la dernière fois qu’on vous a vus ?…, un travail collectif autour de la pièce Anarchie en Bavière de Rainer Werner Fassbinder. Ce spectacle a été joué à l’Odéon-Ateliers Berthier dans le cadre du festival Impatience.
Il travaille aussi régulièrement avec la compagnie « Notre Cairn » (Jeune Théâtre National) :  en 2012 pour la pièce Sur la grand route d’Anton Tchekhov, à bord de la Péniche Opéra, et en 2014 pour La noce de Bertolt Brecht.
Dernièrement, au Grand Parquet, il interprète Oroonoko, le prince esclave, écrit et mis en scène par Aline César d’après un roman d’Aphra Ben. Comme danseur, il travaille avec la compagnie « Contrepied » et a participé à la création de Box is a box is a box, duo pour danseurs autour de poèmes de Gertrude Stein, présenté en 2012 au Théâtre du Châtelet.

« Notre coup de cœur : un spectacle rare, La machine de l’homme. (…) Le jeune et talentueux metteur en scène Stanislas Roquette a confié le rôle à un comédien vibrant, d’une finesse enchanteresse et d’une beauté habitée: Stanislas Siwiorek. (…) C’est très, très beau. Enthousiasmant et fort. » Laurence Liban, L’express

« Deux jeunes gens hyper doués célèbrent Vilar. » Armelle Héliot, Le Figaro

« Une intimité triangulaire qui se crée entre le personnage de Don Juan, Jean Vilar, l’acteur et les spectateurs. C’est très simple et c’est très beau. » Anna Sigalevitch, La Dispute, France Culture

« Un magnifique spectacle, très bouleversant, et tout à fait passionnant. » Gilles Costaz, Le masque et la plume, France Inter

Coproduction Association Jean Vilar / Artépo.
Avec le concours de la Comédie-Française, du Théâtre du Châtelet, du Théâtre national de la Colline et du Lavoir Moderne Parisien.