• Saison 2015-2016
Salle Aéroplane
1h15
Dès 8 ans

Texte de Clément Hervieu-Léger de la Comédie-Française
Mise en scène Daniel San Pedro

Quand il était petit, Clément Hervieu-Léger connaissait la Normandie par naissance et l’Uruguay par procuration. Le cousin Philippe lui avait tant de fois raconté ce voyage au bout du monde, qu’il lui semblait l’avoir vécu.

L’histoire, dont il reprend aujourd’hui le fil, commence dans la ferme de leur grand-père avec l’irruption de riches éleveurs uruguayens à la recherche des meilleurs spécimens. Leur choix fait, il reste à acheminer les bêtes en train jusqu’à Amsterdam, puis par cargo jusqu’à Montevideo.
Accompagnés de Philippe, trois taureaux et deux vaches y mèneront leur vie d’animaux modèles, rythmée par les traites, les vêlages, sur le pont et sous l’oeil ébahi des passagers. À leurs côtés, l’auteur nous embarque dans une incroyable odyssée, traversée de savoureux personnages, campés par Guillaume Ravoire.
Daniel San Pedro, qui met en scène ce spectacle et codirige avec l’auteur la Compagnie des Petits Champs, clôt avec humour son exploration du monde rural… par un voyage en mer.

Texte de Clément Hervieu-Léger de la Comédie-Française
Mise en scène Daniel San Pedro

Avec Guillaume Ravoire
Scénographie Aurélie Maestre
Costumes Caroline de Vivaise
Lumières Alban Sauvé
Réalisation sonore Wilfrid Connell

Après la comédie classique avec L’Epreuve et la tragédie moderne avec Yerma, nous avions envie de clore ce cycle consacré aux représentations du monde rural au théâtre en nous confrontant à la fois à une écriture contemporaine et au cadre particulier du « seul en scène ». Plutôt que de chercher un texte déjà existant, nous avons décidé de porter à la scène un fragment de l’histoire de cette étable où la Compagnie s’est installée lors de sa création en 2010. Cette histoire c’est d’abord l’histoire d’un voyage, une aventure épique qui nous conduit de la Normandie jusqu’à Montevideo et nous fait rencontrer une série de personnages aussi différents qu’un capitaine de bateau, un gaucho uruguayen ou une mère en pleurs sur un quai de gare. « Etre un et multiple » : c’est l’une des questions principales de l’acteur seul en scène. C’est une expérience singulière et décisive pour un comédien que j’ai moi-même eu l’occasion d’éprouver en jouant plus d’une centaine de fois 3 semaines après le paradis d’Israël Horovitz. Pour Le voyage en Uruguay, il était évident pour moi de proposer ce rôle, ou ces rôles, à Guillaume Ravoire aux côtés duquel j’ai joué de nombreuses fois. La scénographie et les lumières doivent permettre au spectacle de s’adapter à des théâtres différents comme à des lieux qui ne sont pas a priori destinés à la représentation. Il s’agit d’embarquer ensemble sur ce bateau afin de tenter la traversée à notre tour …
Daniel San Pedro

[COLUMN]

Au début des années 1950, la famille Caorsi, riches éleveurs uruguayens, se rend en France pour y trouver des spécimens bovins susceptibles d’améliorer la capacité laitière de son troupeau. Son choix s’est arrêté sur la race normande, bien connue pour la richesse de son lait et la finesse de sa viande. Après avoir parcouru la Normandie du Cotentin au Pays de Caux, sans toujours recevoir un accueil des plus chaleureux, les Caorsi se rendent finalement à la Ferme Neuve, élevage réputé où l’on vient d’inaugurer une étable modèle et où l’on pratique les premières inséminations artificielles. Ici tout est à vendre, même les meilleurs reproducteurs. La discussion est brève et l’affaire vite conclue : trois taureaux et deux vaches quitteront les herbages clos de Beaumontel pour la pampa uruguayenne. C’est là que l’histoire commence … Cette histoire que j’ai si souvent entendue étant enfant et que l’on m’a racontée comme on raconterait l’odyssée d’Ulysse ou le voyage de Magellan. Après le départ des Caorsi, il est temps pour mon grand-père d’organiser l’acheminement des bêtes. Il charge son jeune cousin Philippe, âgé de vingt ans et dont les connaissances en géographie se bornent alors aux noms des villages du plateau du Neubourg, de les accompagner et de veiller sur elles jusqu’à leur arrivée en Amérique du sud. Au petit matin, les trois taureaux, les deux vaches et leur jeune vacher, prennent le train en gare de Romilly-la-Puthenaye pour gagner le port de Rotterdam. Là, ils embarquent à bord d’un cargo sur le pont duquel les marins et le vacher ont installé tant bien que mal d’improbables baraquements qui tiendront lieu de stabulations aux bêtes durant la traversée. Bientôt le capitaine donne l’ordre de larguer les amarres. Sur le pont, Philippe, casquette vissée sur la tête et buste droit, regarde s’éloigner les docks avec l’inconsciente fierté d’un jeune soldat. Sur le quai, mon grand-père regarde partir ses vaches pour l’autre bout du monde. En 1989, mon grand-père disparaissait, non sans m’avoir raconté une dernière fois « le voyage en Uruguay ». Depuis longtemps, l’étable était vide. J’avais pris l’habitude d’y faire du vélo en slalomant entre les cases désertes : Navette, Kalipette, Nacelle, Framboise, Pirouette, Navaraise, Ratissoire … et puis Totem, Coriolan, Serpolet, Louvois … Je connaissais les noms par cœur. Philippe est maintenant un vieux monsieur aux faux airs de Jean Gabin qui continue de me raconter « le voyage en Uruguay » lors de nos déjeuners dans la petite auberge de Tourouvre où il a ses habitudes. Il me raconte les larmes de sa mère sur le qui de la gare, le bateau, Robespierre et Osiris dormant dur le pont, les passagers éberlués, le vêlage en mer, le passage de l’Equateur, Recife et le goût de l’ananas pour la première fois, l’arrivée enfin …. J’ai tout noté. Depuis des années. Je ne sais plus très bien ce qu’est la vérité. Je sais simplement que c’est une belle histoire intitulée Le Voyage en Uruguay.
Clément Hervieu-Léger

Clément Hervieu-Léger

Pensionnaire de la Comédie-Française depuis le 1er septembre 2005, il y joue sous la direction de Marcel Bozonnet (Le Tartuffe, Valère), Anne Delbée (Tête d’Or, Cébès), Andrzej Seweryn (La Nuit des Rois, Sébastien), Claude Mathieu (L’enfer), Eric Génovèse (Le Privilège des Chemins), Robert Wilson (Fables), Denis Podalydès (Fantasio, Spark), Pierre Pradinas (Le Mariage forcé, Alcidas), Marc Paquien (Les Affaires sont les Affaires, Xavier), Muriel Mayette (La Dispute, Azor, Andromaque, Oreste), Jean-Pierre Vincent (Ubu, Bougrelas, Dom Juan, Don Carlos), Anne-Laure Liégeois (La Place Royale, Doraste) ou Lilo Baur (Le Mariage, Kapilotadov, La Tête des Autres, Lambourde) … Il a créé, dans le cadre des cartes blanches du Studio-Théâtre, un solo intitulé Une heure avant … (texte de Vincent Delecroix). En dehors de la Comédie-Française, il travaille aux cotés de Daniel Mesguich (Antoine et Cléopâtre, Eros), Nita Klein (Andromaque, Oreste), Anne Delbée (Hernani, rôle-titre), Jean-Pierre Hané (Britannicus, Néron), Bruno Bouché (Ce sont des choses qui arrivent), Patrice Chéreau (Rêve d’Automne, Gaute) et tourne avec Catherine Corsini (La Répétition), Patrice Chéreau (Gabrielle) et Guillaume Nicloux (La Reine des connes). Parallèlement à son travail de comédien, il est le collaborateur de Patrice Chéreau pour ses mises en scène de Così Fan Tutte de Mozart (Festival d’Aix-en-Provence, Opéra de Paris) et de Tristan et Isolde de Wagner (Scala de Milan). Il signe la dramaturgie de Platée de Rameau pour la mise en scène de Mariame Clément (Opéra du Rhin). Il a codirigé avec Georges Banu un ouvrage consacré à Patrice Chéreau, J’y arriverai un jour (Actes Sud, 2009). Il a publié plusieurs articles consacrés à Racine, Haendel ou Wagner. Il est également professeur de théâtre à l’Ecole de Danse de l’Opéra National de Paris. En 2011, il met en scène La Critique de l’Ecole des femmes au Studio-théâtre de la Comédie-Française. La saison suivante, il monte La Didone de Cavalli que dirige William Christie au Théâtre de Caen, au Grand Théâtre du Luxembourg et au Théâtre des Champs-Élysées, signe la dramaturgie de La Source (chorégraphie de Jean-Guillaume Bart) pour le ballet de l’Opéra National de Paris, et met en scène L’Epreuve de Marivaux. En 2013, il dirige une lecture d’Iphigénie de Goethe à l’Auditorium du Louvre et collabore à la mise en scène de Yerma de Daniel San Pedro. La saison dernière, il met en scène Le Misanthrope de Molière à la Comédie-Française. Depuis 2010, il codirige avec Daniel San Pedro la Compagnie des Petits Champs.

[COLUMN]

Daniel San Pedro

Formé au Conservatoire National de Paris, il participe à de nombreux spectacles théâtraux sous la direction notamment de Jean-Luc Revol (La Princesse d’Elide, Aristomène ; L’heureux stratagème, Arlequin ; La Tempête, Trinculo ; Les trente millions de Gladiator ; Al-Andalus), Tarzan Boy de Fabrice Melquiot mis en scène par l’auteur. Marcel Maréchal (Les trois mousquetaires, d’Artagnan ; L’École des femmes, Horace), Gildas Bourdet (L’Atelier), Jean-Luc Palies (Carmen la Nouvelle), Franck Berthier (La Régénération ; Autour de ma pierre il ne fera pas nuit), Philippe Calvario (Grand et Petit), Ladislas Chollat (Le Barbier de Séville, Figaro ; Le Mariage de Figaro, Figaro). Gregory Baquet (Les Insolites), Laurent Serrano (Il Campiello, Zorzetto) Il crée un monologue d’Israël Horovitz, Trois semaines après le paradis et Après le Paradis en création mondiale dans une mise en scène de Ladislas Chollat. Il travaille également avec Claude Brumachon (Y a ti ou pas) et tourne avec Paul Carpita (Marche et rêves, les homards de l’utopie ; Les Sables Mouvants), Michel Spinosa (Anna M.), Eliane de Latour (Les oiseaux du ciel), Raymond Pinoteau (Noël en Quercy) ou Philippe Triboit (Un Village français). Pour Les Sables Mouvants, il est nommé au Prix Michel Simon et reçoit le Prix d’interprétation au Festival du Jeune Comédien de Bézier. De 2002 à 2005, il est artiste associé au Centre National de création de Chateauvallon. Il met en scène Le Romancero Gitan ; A la recherche du lys; Faute de Frappe ; Ziryab… Il est également professeur de théâtre à l’Ecole de Danse de l’Opéra National de Paris. En 2012, il joue Frontin dans L’Épreuve de Marivaux, mise en scène Clément Hervieu-Léger et dans la trilogie Des Femmes de Wajdi Mouawad à Nanterre-Amandiers. En 2013, il joue le rôle de Francis dans Tom à la Ferme de Michel Marc Bouchard et mis en scène par Ladislas Chollat (Prix SACD de la dramaturgie francophone de France, 2011). Depuis 2010, il co-dirige la Compagnie des Petits Champs avec Clément Hervieu-Léger.

Production la Compagnie des Petits Champs.
Coproduction CNCDC de Châteauvallon.
Avec le soutien du Théâtre de Suresnes Jean Vilar, du CCN d’Aquitaine – Malandain Ballet, du Théâtre 13 / Paris et CICT / Théâtre des Bouffes du Nord. En partenariat avec le French Theater Festival-Princeton University-USA. 
La Cie des Petits Champs reçoit le soutien de la Drac Haute-Normandie – ministère de la Culture et de la Communication, du département de l’Eure, de la région Haute-Normandie et de l’Odia-Normandie.