• Saison 2016-2017
Salle Jean Vilar
1h15
Dès 12 ans

D’Ingrid Astier
Avec Pierre Richard
Adaptation libre et mise en scène Gérald Garutti

C’est à la tombée du jour qu’Eros rejoint Psyché. C’est la nuit que Schéhérazade conte ses histoires qui retardent la mort. Van Gogh y voit de la couleur, les surréalistes, du rêve… L’écrivaine Ingrid Astier aime cette immersion en apnée, « ce temps arrêté, suspendu ou étiré qui ouvre le coffre-fort de la sensation ».

Elle a renoué les fils de notes vagabondes, de nuits inspirées, de lectures et de dialogues croisés, pour tisser un livre labyrinthe qui, du cinéma à la musique, de la littérature à la peinture, explore les « arcs-en-ciel du noir ». Adaptée et mise en scène par Gérald Garutti, cette invitation à l’errance nocturne donne la parole à un séduisant conteur. Pierrot lunaire au regard d’enfant, génie comique à l’humour tellurique, Pierre Richard s’approprie cette plongée au coeur de la nuit, sensuelle, impertinente ou contemplative qui ne laisse aucun doute : « ses nuits sont plus belles que nos jours ».

Adaptation et mise en scène Gérald Garutti
Interprétation Pierre Richard

Assistanat à la dramaturgie et à la réalisation  Zelda Bourquin
Assistanat à la mise en scène Raphaël Joly

Texte Ingrid Astier, publié aux éditions Gallimard
Adaptation libre et mise en scène Gérald Garutti
Avec Pierre Richard

Danse Marie-Agnès Gillot
Création musicale et sonore Laurent Petitgand
Scénographie et lumières Eric Soyer
Vidéo Renaud Rubiano
Réalisation des films Pierre-Henri Gibert, Pauline Maillet, Gérald Garutti
Costumes Joël Viala
Collaborateurs artistiques Païkan Garutti et Laurent Letrillard
Régie générale et plateau François Pélaprat
Décor construit par les ateliers du Théâtre de l’Union Alain Pinochet, Claude Durand

Petit éloge de la nuit est l’aventure d’une rêverie au sourire de lune. Une échappée belle aux teintes de Magritte, une ode à la beauté nocturne. Une main généreuse tendue à tout ce qui en nous déraisonne le jour et résonne la nuit, une invitation au royaume du for intérieur et des constellations infinies. Une parole intime traversée de polyphonie joyeuse, une délicatesse sincère épanouie en fraternité radieuse. Une innocence désarmante scintillant d’humanité savoureuse, un regard amusé où pétille la tendresse, où nous charme la vie.
Interprète du spectacle, Pierre Richard a débuté au théâtre avec Vilar et assuré les premières parties de Brassens. Il est vite devenu un acteur solaire, distraction hissée au rang de poème, dans ses films comme Le Distrait, Le Jouet, Le Grand Blond, Les Compères. Il s’aventure ici dans un nouveau monde, une terre inconnue : la nuit, ses impasses à noctambules et à chats gris. Effleurer les étoffes de la nuit, ses fantasmes, son humour. Ses versants érotiques, cosmiques, cauchemardesques. Ses fantômes, Nerval, Bashung, Baudelaire.
L’écrivaine Ingrid Astier lâche ses romans noirs et s’attaque à la nuit, compose un bréviaire, abécédaire des charmes nocturnes. L’auteur et metteur en scène Gérald Garutti fréquente à Londres les nuits envoûtantes de Shakespeare, Dostoïevski, Edgar Poe, Jamie Cullum. À partir de ce dictionnaire amoureux, il construit un chemin de mots, un écrin à l’acteur Pierre Richard. Il dévoile une autre face de ce Pierrot lunaire, par une échappée imaginaire où scintille la lumière, sculptée par les créateurs Éric Soyer et Renaud Rubiano. C’est un monde fantastique qui s’ouvre, peuplé de démons et de merveilles ; un voyage à l’orée de la nuit. La présence vivante du comédien funambule s’inscrit au coeur du film réalisé par Pierre-Henri Gibert pour le spectacle. Y surgit la grâce féminine d’une danseuse, corps céleste, émouvant et mouvant, Marie-Agnès Gillot, étoile de l’Opéra de Paris, sur des musiques inédites de Laurent Petitgand, compositeur de Wim Wenders (Les ailes du désir, Le sel de la terre). La nuit nous parle – elle nous étreint, nous égare, nous éclaire, nous ravit. Dans le scintillement du soir, Pierre Richard nous dit sa nuit : « Souvent je me demande qui je suis. Je suis à moi-même ma propre nuit. » Aussi malicieux qu’innocent, conteur ancestral et regard d’enfant, il embrasse les espaces merveilleux qu’ouvre l’imaginaire nocturne, de la passion à la poésie, du désir à la folie, du mystère à la fantaisie, du silence à la fête, de l’intime à l’infini. Du vaste spectre de la nuit, il explore les arc-en-ciel du noir déployés en savoureux contrastes. Dans un grand éclat de rire, ce génie comique qu’est Pierre Richard nous révèle ici sa face cachée à travers une poétique impertinente et contemplative, gourmande et sublime. Ainsi se joue cette invitation au voyage nocturne, ponctué de ciels perlés et d’échappées visuelles – ouvertures vers cet infini de la nuit qui, par essence, nous fascine.

Pierre Richard

Pierre Richard est né le 16 août 1934 à Valenciennes, dans le Nord, où il passe son enfance et une partie de son adolescence. Après son bac, tenté par le théâtre, il s’installe à Paris où il suit des cours d’art dramatique au centre Dullin et chez Jean Vilar. C’est au cabaret, en compagnie de Victor Lanoux, qu’il crée l’image d’un hurluberlu lunaire et distrait qui l’accompagnera toute sa carrière. Pierre Richard débute au cinéma en 1967 avec un petit rôle dans Alexandre le Bienheureux d’Yves Robert. Il faut attendre 1970 et Le Distrait, qu’il écrit, interprète et réalise lui-même, pour que le comédien connaisse la consécration. Son personnage de gaffeur rencontre un succès immédiat. Après Les Malheurs d’Alfred, Pierre Richard triomphe en 1972 avec Le Grand Blond avec une chaussure noire, réalisé par Yves Robert. Le film connaît une suite deux ans plus tard, intitulée Le Retour du grand blond. Profitant du succès, Pierre Richard devient l’un des piliers de la comédie populaire à la française des années 70 et 80. Il poursuit la mise en scène (Je sais rien mais je dirai tout, Je suis timide, mais je me soigne), joue pour Claude Zidi (La Moutarde me monte au nez, La Course à l’échalote), Gérard Oury (La Carapate), Francis Veber (Le Jouet). En 1981, Francis Veber oppose le comédien à Gérard Depardieu dans La Chèvre. Le film est un immense succès, et le duo se reforme à deux reprises sous la direction du même cinéaste pour Les Compères (1983) et Les Fugitifs (1986). Le distrait, le comique malgré lui devient alors plus sensible et poétique. Cette émotion, Pierre Richard l’exalte en interprétant Mangeclous, dans le film de Moshé Mizrahi. Le comique visuel laisse le pas alors à « une espèce de Sganarelle du Verbe ». En 1991, avec On peut toujours rêver, Pierre Richard, à nouveau auteur, réalisateur et interprète, donne toute la mesure de l’évolution de son personnage, sous les traits d’un magnat de l’industrie et de la haute finance. « C’est un rêveur qui aurait vieilli, un clown qui aurait perdu son maquillage. »
Idolâtré dans les pays de l’Est, Pierre Richard tourne en 1996 dans une coproduction franco-géorgienne, Les Mille et une recettes du cuisinier amoureux, présentée à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes et qui lui vaut un Prix d’interprétation au festival de Karlovy Vary. Il continue de jongler entre théâtre et cinéma ; on le retrouve ainsi en 2010 aux cotés de Sylvie Testud dans Le Bonheur de Pierre de Robert Ménard, en 2012 dans Et si on vivait tous ensemble ? de Stéphane Robelin, dans lequel il partage l’affiche avec Jane Fonda et Guy Bedos, alors qu’il continue de tourner son seul en scène Pierre Richard III.

Ingrid Astier

Ingrid Astier vit à Paris. Elle a débuté en écriture avec le Prix du Jeune Écrivain (Mercure de France, 1999). Quai des enfers, paru à la Série Noire, a été récompensé par quatre prix, dont le Prix Paul Féval de la Société des Gens de Lettres. Elle est devenue la marraine de la brigade fluviale. Angle mort (Prix Calibre 47), plongée dans le grand banditisme et le cirque, est salué comme la relève du roman policier français. Petit éloge de la nuit (Folio Gallimard, 2014), est le fruit de notes vagabondes, de nuits inspirées, de lectures et de dialogues croisés. En 2015, elle publie le roman Même pas peur (Syros), hommage au premier amour et à l’audace des sentiments.

[COLUMN]

Gérald Garutti

Gérald Garutti est metteur en scène, auteur et traducteur. Il travaille en France et en Angleterre. Il a étudié les lettres (École Normale Supérieure, agrégation de lettres), les sciences sociales (Sciences Po Paris), la philosophie politique (University of Cambridge) et l’art dramatique (Cours Simon).
Il a mis en scène, en anglais : Roberto Zucco (ADC Theatre, 2003), Richard III (ADC Theatre, 2004), The Fall of the House of Usher d’Edgar Poe (Vingtième Théâtre, 2005), Les Liaisons Dangereuses (Royal Shakespeare Company, 2011) ; Notes From Underground / Les Carnets du Sous-sol, avec le comédien anglais de Game of Thrones Harry Lloyd (The Print Room, Londres, 2014). Il prépare pour 2016-2017 Tartuffe à Londres.
En français, il a composé et dirigé de nombreuses adaptations scéniques, dont Le Banquet des Démons (L’Athénée, 2007) Mal mais vite (Odéon, 2008), Les Chasseurs d’absolu (France Culture, 2009), Le Dialogue des Carmélites (Brangues, 2010), Le sens du désir (Odéon, 2010), Correspondance à trois : Rilke-Pasternak-Tsvétaïeva (Printemps des poètes, 2011). Il a écrit et mis en scène Haïm – à la lumière d’un violon (Salle Gaveau et tournée nationale de 2012 à 2015, à Londres en 2016). En 2015, il a adapté et mis en scène Lorenzaccio de Musset avec trente comédiens (Suresnes, Montansier, La Criée). En 2016, il créé Richard III – Loyaulté me lie, d’après Shakespeare, qu’il a traduit et mis en scène avec Jean Lambert-Wild et Lorenzo Malaguerra (90 dates dont Théâtre de l’Union, TNG, Le Volcan, La Ferme du Buisson, L’Aquarium).
Il a traduit de l’anglais Les Rives d’Utopie de Tom Stoppard (Bourse de la Maison Antoine Vitez), Le Pouvoir de dire oui de David Hare (France Culture, Chantiers d’Europe, 2011). D’autres langues, il a traduit en collaboration Songs de Brecht (La Colline, LEXI/Textes, 2009) et Don Juan de Tirso de Molina (TNP, 2011). Il a publié Haïm – à la lumière d’un violon (Robert Laffont), Richard III – Loyaulté me lie (Les Solitaires Intempestifs), et de nombreux articles, notamment pour La Revue littéraire, Passages, et Frictions, dont une forme de manifeste, « Un rêve de théâtre ». Il prépare pour l’éditeur Léo Scheer un essai, Une autre histoire de l’héroïsme. Ses conférences sur l’héroïsme, l’utopie et les figures du pouvoir sont accessibles sur internet. En 2006 il a été dramaturge à la Comédie-Française sur Grief(s) et à La Colline sur L’Autre d’Enzo Cormann. De 2006 à 2011 il a été le conseiller littéraire du TNP et le dramaturge de Christian Schiaretti sur quinze spectacles dont Coriolan (Nanterre, Molière du meilleur spectacle et Prix du Syndicat de la critique), Par-dessus bord (La Colline, Grand Prix du Syndicat de la critique), Philoctète avec Laurent Terzieff (Odéon), Créanciers et Mademoiselle Julie (La Colline), Don Juan et La Célestine (Les Amandiers).
Il dirige depuis 2009 le département Théâtre à Sciences Po Paris, depuis 2007 le département Arts et Humanités à l’ENSATT (ex-Rue Blanche), et depuis 2005 la compagnie C(h)aracteres, en résidence à La Ferme des Jeux.

Production Compagnie C(h)aracteres. Coproduction Théâtre de l’Union – Centre dramatique national / Limousin, Théâtre du Crochetan / Monthey, Royal Garden. Coréalisation La Ferme des Jeux / Vaux-le-Pénil.