• Saison 2014-2015
Salle Jean Vilar
1h
Création

Chorégraphie Farid Berki

La compagnie Melting Spot ouvre le bal de Suresnes cités danse avec une création emblématique de l’édition 2015 qui voit le hip hop élargir son aire de jeu aux techniques numériques, aux arts du cirque et au merveilleux.

Trois complices que Farid Berki convoque pour tisser trois pièces chorégraphiques qui s’emboîtent comme des poupées russes dans un univers en trois dimensions. La musique suit le mouvement qui balaie trois époques, de Stravinski aux contemporains, avec un détour par le dessin animé. Fluxus Game est une œuvre ciselée à la virgule près, même si le chorégraphe, qui aime ponctuer sa danse comme son discours, laisse ici le flux et le reflux libres de leur va-et-vient.
Fasciné par le mouvement perpétuel de la mer ou des derviches tourneurs, il lance huit danseurs à l’assaut d’un territoire qu’il n’avait pas encore exploré. Et le corps collectif s’empare de l’espace, l’avale, le « colonise », au prix d’une gestuelle pointue qui respire l’enthousiasme et le plaisir de jouer la partition ensemble.

Extraits musicaux
1ère partie : Igor Stravinski (Scherzo fantastique pour orchestre, opus 3)
2e partie : musique de Lalo Shiffrin, Marvin L. SIms, Billie Holliday, Tipsy, Lalo Schifrin, Dany Elfman
3e partie : musique de Rosinha de Valença, Steve Reich, Twine dion Timme, Apparat, Trentemoller

Avec Mustapha Bellal, Farid Berki, Cécile Delobeau, Thomas Dequidt, Olivier Lefrançois, Johnny Martinage, Sandrine Monar, Bernard Wayack-Pambe
[COLUMN]
Vidéo Laurent Meunier
Propositions musicales Malik Berki
Regard extérieur Nabil Ouelhadj
Lumières Jérôme Deschamps
Costumes Julie Z
Régie générale David Manceaux

L’expérience Vaduz 2036 a été riche en enseignements quant aux processus de composition singuliers qu’elle met en jeu et révèle. Ce que j’ai pu expérimenter, je souhaite le poursuivre dans mon prochain projet mais dans une autre tonalité.
En effet, je pense être au début d’une nouvelle manière de concevoir l’écriture d’une pièce chorégraphique. Avant d’évoquer mon désir artistique, il me faut revenir sur le contexte qui a permis d’imaginer cette nouvelle pièce.
J’ai en 2013 répondu à une commande chorégraphique de la Grande Halle de la Villette et de la Cité de la musique. La proposition qui m’a été faite fut de mettre en place un projet participatif autour du Sacre du printemps avec 70 adolescents de Paris et sa banlieue.
Durant cette aventure, j’ai partagé la scène avec l’Orchestre Les siècles dirigé par François-Xavier Roth, auquel j’ai associé quatre danseurs de ma compagnie. Or le Sacre du printemps est une pièce courte ; ainsi j’ai proposé en complément de ce programme la création d’une seconde pièce pour trois danseurs avec la complicité du vidéaste Laurent Meunier qui opérait déjà sur Vaduz.
Cette pièce musicale, le Scherzo fantastique n°3 de Stravinski, m’a permis de créer une pièce festive proche du dessin animé et de la comédie musicale. C’est à partir de cette petite aventure a priori sans lendemain que je désire m’appuyer pour déplier, étirer un long fil de soie. Développer une pièce dans laquelle le plaisir, le partage, l’extase et le jeu seront au centre des attentions et des intentions.
Mon objectif est de tenter une approche par le mouvement et non par le sens. L’équipe artistique sera globalement la même que celle de Vaduz. Huit danseurs pour trois pièces qui s’emboitent l’une dans l’autre pour n’en faire qu’une.
Donc trois périodes de travail pour chaque partie et une phase finale avec toute l’équipe.
Trois pièces qui n’en font qu’une comme :

  • Les facettes d’un « rubik’s cube » ou trois poupées russes,
  • Trois dimensions, aller plus loin dans la recherche vidéo et explorer la 3D à l’aide de la « kinect » l’interactivité danse-vidéo,
  • Trois registres ou univers musicaux issus de trois époques (Stravinski, musiques de films et dessins animés, musique contemporaine).

Dans la danse comme dans la parole j’ai toujours été étonné voire imperméable à la notion de flux continu ou logorrhée.
Il m’a toujours semblé que lorsque l’on parle, que l’on écrit ou que l’on danse ; on doit nécessairement utiliser de la ponctuation pour donner du sens ou se faire comprendre. Quand une phrase est composée d’éléments qui ont la même valeur mais qui n’a pas de ponctuation on s’approche de l’ennui ou de la folie. Et pourtant, lorsque je vois un derviche tourneur, je me sens emporté par la sensation d’ivresse et l’extase que cela procure. Il en est de même pour le flux et le reflux de la mer qui entête et apaise.
Comment être ensemble tout en restant différent ?
En même temps j’aimerais traverser, par le jeu, le plaisir collectif d’être ensemble. Dans mes habitudes corporelles, je suis souvent dans un espace proche. Comme je n’aime pas les habitudes, je me dis qu’il est encore possible de changer : envahir l’espace, l’avaler, se projeter, occuper une partie de ce territoire qui m’est inconnu, le coloniser…
J’ai plutôt l’habitude d’injecter dans mes pièces des ruptures de rythme, de tonalité, des bascules de registre gestuel, des temps soudains. De même, que ma gestuelle s’appuie souvent sur la suspension, l’hésitation, l’amorce du mouvement, le déséquilibre.
Dans cette nouvelle aventure je propose de jouer entre la simplicité affirmée du corps collectif et la sophistication gestuelle. L’enthousiasme et la générosité.
Farid Berki, décembre 2013

Farid Berki
Par sa formation éclectique et son gout du métissage, Farid Berki, natif du Nord, est un chorégraphe peu orthodoxe.
Depuis la création de sa compagnie Melting Spot en 1994, il fait preuve d’audace en décloisonnant les stylistiques. Entre autres belles échappées, il imagina un solo sur du flamenco, revisita le ballet classique Petrouchka, et s’inspira 15 ans plus tard de l’œuvre du même compositeur pour une soirée Stravinski en mode hip hop. Il réinterroge à chaque projet la validité de son propos et de son langage. Ecriture et invention, élan et virtuosité, sa partition utilise le vocabulaire hip hop en le décalant, en le stoppant dans ses élans, en le déconstruisant. Par sa réflexion sur la transmission et le répertoire, Farid Berki, chorégraphe de renommée internationale, incarne une figure pionnière de la danse hip hop.

Production Cie Melting Spot.
Coproductions CCN de La Rochelle / Poitou-Charentes, Kader Attou / Cie Accrorap, Théâtre de Suresnes Jean Vilar / Suresnes cités danse 2015.
Avec le soutien
du ministère de la Culture et de la Communication, de la région Nord-Pas de Calais, des villes de Lille et Villeneuve-d’Ascq, des Voyageurs, dans le cadre de résidences au Zeppelin à Saint-André-Lez-Lille et du Gymnase / CDC.