• Saison 2015-2016
Salle Aéroplane
1h10
Pour adulte

D’après la parole et les écrits de Grisélidis Réal
Conception et interprétation Coraly Zahonero de la Comédie-Française

« Moi je ne supporte pas l’injustice et l’hypocrisie, il faut mettre sur la table la vérité, il faut la regarder en face, et il faut l’accepter, il faut la soutenir, il faut la démystifier. C’est possible, au lieu de la haine, du mépris, de l’incompréhension …».

Grisélidis Réal, écrivain, peintre et courtisane, a fait de la prostitution un art, un humanisme et une science et de l’autodestruction, une subtile et flamboyante victoire.

Bouleversée par cette personnalité hors norme, Coraly Zahonero, sociétaire de la Comédie-Française, propose une partition singulière et percutante composée à partir des écrits et des entretiens de cette prostituée révolutionnaire.

Pour l’accompagner, elle s’est entourée de deux musiciennes, Hélène Arntzen aux saxophones et Floriane Bonanni au violon.

Ce spectacle nous donne en partage l’humanisme de cette femme d’exception éprise de liberté, ainsi que son combat pour les droits des prostituées qui deviendra la forme la plus aboutie de sa révolte permanente contre l’injustice et l’hypocrisie.

 

Conception et interprétation Coraly Zahonero de la Comédie-Française
D’après la parole et les écrits de Grisélidis Réal

Saxophones Hélène Arntzen
Violon Floriane Bonanni

Collaboration artistique Vicente Pradal
Maquillage et coiffure Véronique Soulier-Nguyen
Scénographie et costumes Virginie Merlin
Lumières Philippe Lagrue

Remerciements : La Comédie-Française, Léonore Réal, Igor et Boris Schimek, Aurélien Gattegno, Manuel Doutrelant et Omar Porras.

Née en 1929 à Lausanne, de parents licenciés en lettres, Grisélidis Réal manifeste très jeune un goût prononcé pour le dessin et la littérature et, à l’âge de 20 ans, intègre l’école des Arts et Métiers de Zurich d’où elle sort avec un diplôme de décoratrice. Elle se marie en 1950, divorce quelques années plus tard et donnera naissance entre 1952 et 1959 à quatre enfants de trois pères différents.

Peu de temps après la naissance de son dernier fils, elle s’enfuit à Munich avec un amant noir et deux de ses enfants, qu’elle kidnappe à la barbe du tuteur suisse qui la surveille. Elle y découvre la misère, la prostitution, une famille de Tziganes qui va l’adopter et la sauver ainsi qu’un grand amour, rencontré dans le bordel pour GI qu’elle fréquente. Condamnée à sept mois de prison pour trafic de haschich, elle revient à Genève où elle n’a plus d’autre choix que de continuer à se prostituer, son casier judiciaire l’empêchant de prétendre à tout autre emploi.

En 1969, elle écrit son unique roman, autobiographique : Le Noir est une couleur et réussit à arrêter la prostitution pendant plusieurs années. En 1975, alors qu’elle est à Paris, 500 prostituées réclamant la reconnaissance de leurs droits, occupent la chapelle St-Bernard et déclenchent ce qu’on appellera : « la révolution des putes».

Grisélidis va trouver là le combat de sa vie. Elle reprend la prostitution pour être en cohérence avec son action militante et n’aura de cesse d’en revendiquer le rôle social, défendant jusqu’aux Nations-Unies ce qu’elle appelle « un art, une science, un humanisme ».

Toute sa vie, elle écrira des lettres. «… c’est un vice. La plupart du temps c’est un luxe qui paraît inutile… Mais peut-être pas tout à fait, allez savoir… Elles font leur petit boulot, comme des rats qui rongent dans l’ombre et un jour, il y aura des trous dans les murs. »

Celles envoyées à son ami journaliste Jean-Luc Hennig deviendront deux livres : La Passe imaginaire et Les Sphinx. Ce dernier (dont elle ne verra pas l’édition) raconte son ultime combat contre un cancer qui finira par l’emporter en 2005. Ses enfants feront publier encore deux recueils de lettres retrouvées après sa mort : Suis-je encore vivante ? Journal de prison et Mémoires de l’inachevé.

Elle est inhumée, après une grande bataille avec les autorités Suisses, en 2009 au cimetière des rois de Genève (panthéon suisse) entre Borgès, qu’elle admirait et Calvin, qu’elle détestait. Sur sa tombe figure cette épitaphe : Grisélidis Réal – Écrivain, Peintre, Prostituée.

« Un seul cri lie tous ces mots, c’est donc qu’il faut les lire ensemble.» (J.-L. Hennig).

Coraly Zahonero

Née à Montpellier, Coraly Zahonero entre à 15 ans au Conservatoire de Région où Guy Vassal la découvre et la présente à Jean Négroni qui la fait débuter dans Roméo et Juliette.

Elle arrête alors ses études, « monte » à Paris et entre au Conservatoire national supérieur à 18 ans. Jean-Pierre Miquel en est alors le directeur. Nommé à la tête de la Comédie-Française, il l’engagera en 1994 pour jouer Sylvia dans La double inconstance, qu’il met en scène. Elle en devient la 504e sociétaire en 2000.

En 2006, elle se met en scène au Studio-Théâtre dans le solo L’Inattendu de Fabrice Melquiot, sous le regard de Thierry Hancisse. Les rencontres avec Omar Porras, les groupes TG Stan, Dekoe, Discordia et avec Alain Françon, seront parmi les plus marquantes.

En 2008, elle incarne Yerma de Federico García Lorca mise en scène par Vicente Pradal et collabore avec lui par la suite sur l’écriture et la mise en scène de Viento del Pueblo, spectacle musical autour de l’oeuvre du poète Miguel Hernandez (Scène nationale de Narbonne-2011) et sur la mise en scène de Medianoche (création à Blagnac-2015 et Théâtre de Suresnes Jean Vilar en octobre 2016).

Elle a beaucoup tourné pour la télévision notamment dans des séries, dont RIS police scientifique, dont elle fut le médecin légiste pendant neuf saisons.

Au cinéma, elle a tourné sous la direction de Cédric Klapisch, Claude Sautet et récemment avec Valeria Bruni Tedeschi dans l’adaptation des Trois soeurs.

Elle a joué cette saison à la Comédie-Française dans Les Rustres de Goldoni mis en scène par Jean-Louis Benoit, dans La Mer d’Edward Bond mis en scène par Alain Françon et reprend Un fil à la patte de Feydeau mis en scène par Jérôme Deschamps.

 

Hélène Arntzen, saxophones

Formée à la Royale Academy of Music d’Oslo, elle travaille depuis 1990 en France avec des artistes de différents horizons : musiques latino-américaines, rock arabe,
fusion africaine, flamenco… En 1995, elle fonde son trio et quartet de jazz. Elle a joué notamment avec Vicente Pradal dans le Llanto et Le Divan del Tamarit, improvisé pour Waterborn de Carolyn Carlson et dernièrement, elle a composé et joué dans Peer Gynt (Ibsen-Irina Brook). Elle se produit régulièrement en formation jazz et musiques traditionnelles. Elle enregistre de nombreux disques et fonde le TAC-Territoire Art et Création, un lieu dédié à la création artistique et à la communication.

 

Floriane Bonanni, violon

Premier prix de violon et de musique de chambre au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, enseignante, elle est membre de l’Orchestre philharmonique de Radio-France. En 2009, elle fonde le quatuor à cordes Antigone. Sa passion pour les arts la conduit à travailler pour le théâtre avec Alain Françon (La Cerisaie, Les Trois soeurs-Tchekhov, La Villégiature-Goldoni ), Éric Ruf (Peer Gynt-Ibsen) et le cinéma (préparation musicale des acteurs du film de René Féret, Nannerl, la soeur de Mozart). Elle a également conçu le spectacle Les méfaits du tabac, concert en un acte, d’après la pièce de Tchekhov et les oeuvres de Bach, Berio et Tchaïkovsky, mis en scène par Denis Podalydès.

 

Vicente Pradal, collaboration artistique

Guitariste de flamenco, puis chanteur, il met en musique les poètes espagnols : La Nuit Obscure (Jean de la Croix), puis le Llanto, le romancero gitano, Le Divan del Tamarit (Lorca). En mai 2008, il met en scène et en musique Yerma pour le Théâtre du Vieux-Colombier.

En 2011, il conçoit Viento del Pueblo, une tragédie musicale sur la vie et l’oeuvre du poète Miguel Hernández. En 2015, il crée Del Flamenco a Lorca et Medianoche. Il enregistre de nombreux disques tout au long de sa carrière et enseigne également la guitare flamenca au conservatoire régional de Toulouse.

 

Véronique Soulier-N’Guyen, maquillages, coiffure

Elle réalise les créations de très nombreux spectacles à la Comédie-Française pour des metteurs en scène tels que Andrzej Seweryn, Jean-Pierre Miquel, Jacques Lassalle, Piotr Fomenko, Thierry de Peretty, André Wilms, Denis Podalydès, Dan Jemmet, Catherine Hiegel… et également dans d’autres théâtres pour Alain Françon, Jean-Pierre Vincent, Omar Porras. Au cinéma, elle a travaillé avec Cédric Klapisch, Philippe Lioret, Benoit Cohen, Richard Borhinger… Véronique Soulier-N’Guyen a également participé à la création de L’Inattendu en 2006.

 

Virginie Merlin, scénographie et costumes

Diplômée de scénographie de l’ENSAD (1994), elle crée de nombreux costumes pour la Comédie-Française : La Mégère apprivoisée (Shakespeare-Korsunovas 2007), La Dispute (Marivaux-Mayette), Le Loup (Marcel Aymé-Vella), Mystère bouffes (Fo-Mayette 2010), Andromaque (Racine-Mayette 2010). Elle signe aussi les costumes du Barbier de Séville (Rossini-Gérard Chatelain 2009). Elle crée pour Coraly Zahonero les costumes de son premier solo L’Inattendu en 2006.

Production Théâtre de Suresnes Jean Vilar.