• Saison 2015-2016
Salle Jean Vilar
1h30

Chant, piano Jeanne Cherhal

C’est comme une confidence qu’elle nous adresse… « Depuis quelques années, j’ai comme un idéal : repartir en tournée en solo intégral. Mon rideau, mon piano, ma robe et ma poursuite ».

Jeanne Cherhal vient d’achever une tournée de plusieurs mois et pourtant, l’appel de l’essentiel, le besoin de revenir au cœur des choses, là où toute l’histoire a commencé, est plus fort.
Celle qui s’est construite à l’ombre du son suave d’une Véronique Sanson (Amoureuse) ou des chansons de Barbara (qu’elle connaît toutes par cœur) s’est faite la porte-parole des femmes, des amoureuses, de l’injustice ou encore de l’attente.
Qui se plaindra de retrouver sa pop mélodique, claire et puissante ? La profondeur, l’humour et la douceur qui la caractérisent ? Sur scène, sa spontanéité et son énergie charment autant que sa voix qui s’envole.
Comment lui refuser alors ce désir « des années Bobino », moment au cours duquel elle retrouvera, avec bonheur, ses chansons préférées.

 

Chant, piano Jeanne Cherhal

Guitare Sebastien Hoog
Basse Laurent Saligault
Batterie Eric Pifeteau

C’est accompagnée de son instrument de prédilection – le piano – qu’on la découvre en 2001. Elle écrit et compose ; c’est de surcroît une fille de scène. Son premier album, un live, s’appelle Jeanne Cherhal. Douze fois par an (2004) et L’eau (2006) seront tous deux disques d’or et elle remportera au passage une Victoire de la musique (catégorie révélation du public). Installée, Jeanne Cherhal ? L’album qui suit en 2010 – Charade – est un beau virage qu’elle prend totalement seule. Dans les studios de La Frette, elle joue tout : des chœurs jusqu’aux batteries, des guitares aux programmations… Comme si la prise de risque ne suffisait pas, une fois l’album achevé, elle s’entoure d’une bande de garçons plus électriques qu’acoustiques (La Secte Humaine) pour une tournée où elle lâche la bride (et son piano). Entre temps, on l’aura vue sur les planches dans Les Monologues du vagin d’Ève Ensler ou dans l’opéra contemporain The Second Woman, mis en scène par Guillaume Vincent. Une décennie s’est écoulée, à ne jamais tenir le pas gagné, toujours chercher, multiplier les répertoires et les expériences. Forte de cette impressionnante variété, Jeanne Cherhal ressent le besoin de revenir au cœur des choses, là où toute l’histoire a commencé : son piano. Est-ce donc un hasard si, avant de se consacrer à l’écriture de ses nouvelles chansons, elle décide d’interpréter sur scène l’un de ses albums fétiches : Amoureuse de Véronique Sanson ? Dès lors, Jeanne Cherhal sait ce qui l’attend (et ce qu’elle veut): composer entièrement les nouveaux morceaux au piano ; consacrer autant de temps qu’il le faut à cette première étape, comme si ces chansons-là se devaient d’abord de tenir toutes seules piano-voix. Puis les « habiller » bien sûr avec les trois musiciens du concert Amoureuse. Plutôt que de découvrir les morceaux pendant l’enregistrement, ils répèteront scrupuleusement avant même d’entrer en studio. Enfermés pendant dix jours dans le mythique studio ICP, à Bruxelles, ils joueront tous les quatre dans la même pièce, façon live. Le tout sera capté par Erwin Autrique sur bande analogique, à l’ancienne, afin de retrouver la chaleur, la proximité et le « souffle fantôme » de l’univers seventies dont elle rêve pour cet album. Elle confie les arrangements et la réalisation du disque à Sébastien Hoog qui tamise subtilement le rock puissant dont il est familier. On écoute Joni Mitchell et Carole King entre deux prises. L’écho de Véronique Sanson et de William Sheller plane au-dessus du piano dont Jeanne, telle une Fiona Apple qui se serait attardée dans la grange de Neil Young, attaque les graves avec une rondeur et une force nouvelles. Quelques cordes et cuivres plus tard, Jeanne invite les Françoises (groupe qu’elle avait formé il y a quelques années avec Emily Loizeau, Olivia Ruiz, Camille, Rosemary de Moriarty et La Grande Sophie) pour la touche malicieusement féministe de Quand c’est non c’est non. Le cinquième album est né. Et il s’appelle Histoire de J. Pourquoi J. ? Ou plutôt : qui est J. ? C’est bien sûr son initiale, mais s’il manque cinq lettres pour identifier complètement Jeanne, c’est qu’il y a au centre de ce nouvel album une «héroïne». Ni tout à fait elle, ni tout à fait quelqu’un d’autre. Façon autofiction. J. est une amoureuse. Dès l’ouverture haletante de l’album, cette passionnée court, s’arrête essoufflée, puis repart ; elle court après celui qu’elle a tant espéré, ce « cheval de feu » qui a débarqué dans sa vie comme un petit miracle. Elle devient tour à tour : amazone, louve, lionne mais aussi petit animal pas si sûr de lui. Parce que voilà : l’amour nous plonge dans des états si contradictoires … Telle est cette J. (et nous avec) : séductrice, ardente amante et, dans le même temps, en quête de preuves d’amour, demandant la lune (et la proposant), craignant que cet amour ne lui échappe … Gainsbourg se plaisait à dire : « En amour, il y en a toujours un qui souffre et l’autre qui s’ennuie. » À cet axiome, Jeanne Cherhal semble répondre : « J’aime donc je suis. Point. » Le tout avec la lumière cristalline qui lui est propre : un humour l’air de rien, un cœur éclaté et poétique, une déclaration tout sauf impudique, un lyrisme gracieux, des ballades et des cavalcades harmoniques plus riches que jamais.
Arnaud Cathrine

Jeanne Cherhal
en solo

En mars 2014, Jeanne Cherhal publiait son cinquième album (Histoire de J.), enregistré et porté à la scène par une bande de garçons dont elle dit elle-même qu’ils forment un « groupe idéal ». Cent concerts plus tard, on pourrait l’imaginer rassasiée, et peut-être même exsangue. La voilà qui repartirait dans sa chambre d’écriture et de composition. Sauf que non : pas du tout. Si elle s’est déjà attelée à de nouvelles chansons, Jeanne Cherhal a décidé de repartir sur la route. En solo. Enfin : en duo. Avec son piano. C’est avec lui qu’on l’a connue en 2001 ; par la suite (et sans jamais le perdre totalement de vue), elle a souhaité se confronter à des albums et des concerts aux arrangements toujours plus travaillés et étoffés ; d’où le plaisir absolu qu’elle a ressenti en le retrouvant pendant la genèse de Histoire de J. (tous les morceaux ont été créés piano-voix avant d’être arrangés) ; plaisir qu’elle souhaite donc prolonger avec ce précieux compagnon pour un an de tournée.
Seule en scène : c’est également ce qui lui fait le plus peur. Qu’importe : elle a peur, elle y va. Libre, totalement libre d’aller piocher des morceaux dans ses cinq albums, ceux qui lui ressemblent encore, qu’elle aime terriblement jouer, ou dont elle pourrait créer une version inattendue. Ce sera donc un moment d’intimité et d’intensité, à la façon d’un plan serré, où l’on retrouvera tout ce que l’on aime tant chez cette fille : farouche juste ce qu’il faut, malicieuse toujours, insolente au moment où l’on s’y attend le moins, si lumineuse quand son rire la surprend elle-même, profondément émouvante dans le risque et l’épure. Non pas tremblante quand bien même elle sera seule : vibrante.

Arnaud Cathrine

Dans le cadre de Chorus des Hauts-de-Seine organisé par le conseil départemental des Hauts-de-Seine, du 1er au 10 avril 2016.