• Saison 2015-2016
Salle Jean Vilar
1h15
Dès 14 ans

Chorégraphie Abou Lagraa
Mise en scène Mikaël Serre

Abou Lagraa a l’art de labourer les champs d’à côté pour les fertiliser à sa manière.

Après Le Souffle du temps pour le Ballet de l’Opéra de Paris ou Nya pour le Ballet contemporain d’Alger, il va voir du côté de la Bible ce que la danse a à en dire. Il s’arrête sur Le Cantique des cantiques, une suite de poèmes et de chants d’amour, due à un compilateur du IVe siècle avant J.-C. Une ode à la chair délicieusement scandaleuse, traversée de métaphores sensuelles, dans un jardin où se dégustent des fruits exquis et des breuvages enivrants.
C’est la première fois que le chorégraphe travaille à partir d’une narration préexistante. Il en déduit une succession de duos qui démultiplient le rapport amoureux comme un kaléidoscope en fractionnerait les vertiges, les peurs et les jouissances.
Le mouvement va à l’essentiel, au plus ténu de l’intimité du couple, se brise sur le ralenti d’un trouble soudain et joue, avec la voix des comédiennes, une partition rare.

 

Chorégraphie Abou Lagraa
Mise en scène Mikaël Serre

Danseurs Pascal Beugré-Tellier, Ludovic Collura, Saül Dovin, Diane Fardoun, Charlotte Siepiora, Antonia Vitti
Comédiennes Maya Vignando, Gaïa Saitta

[COLUMN]
Traductions Olivier Cadiot, Michel Berder – Edition Bayard
Musique Olivier Innocenti
Lumières Fabiana Piccioli
Costumes Carole Boissonet
Vidéo Giuseppe Greco
Scénographie LFA – Looking For Architecture

Écrit par un compilateur du IVe siècle avant notre ère, écriture profane dans un texte sacré, le Cantique des cantiques témoigne des forces poétiques de notre passé fondateur et révèle à travers sa générosité les archaïsmes de notre temps. S’accorder avec le chorégraphe Abou Lagraa sur la représentation d’un poème, sa traduction scénique à travers le mouvement et la voix de l’acteur, c’est explorer une forme antique de la représentation où texte et corps se compilent pour défaire les clichés et conservatismes qui perdurent dans notre modernité. Le profane et le sacré s’ancrent tour à tour dans les problématiques de la société, et les différentes interprétations ont permis, au cours des siècles, à chacun de projeter ses propres icônes et valeurs sur ce poème. Au XXIe siècle, ce que nous apprend ce texte, si ce n’est que les retours, les falsifications, l’idéalisation sont un frein à l’appréciation du monde et sa compréhension. Le Cantique des cantiques est un cri retenu de liberté et d’amour dans un temps où les guerres des hommes faisaient rage tout comme balbutiait la démocratie naissante. Explorer ce texte sur scène c’est renouer et rendre sensible une partie de notre genèse, ce fond poétique commun aux Hommes, régénérant, généreux, mais sans en occulter les sensuelles ambivalences. À la lumière de notre actualité, le texte se charge d’un nouveau contenu et de nouveaux sens. Une parole poétique se doit de toucher aux émotions de son temps. Se confronter à ce poème c’est déchiffrer un manuscrit, être à la recherche de sa matériologie, du vivant, de son souffle. Le travail avec les acteurs consistera à entreprendre cette fouille des sédiments, retourner avec la voix de l’acteur le terreau qui fertilise et révèle à la fois nos peurs et espoirs. Je me suis naturellement penché sur la traduction d’Olivier Cadiot et Michel Berder. J’ai rencontré Olivier Cadiot par l’entremise de Ludovic Lagarde à la Comédie de Reims où j’étais pour ma part dans le collectif artistique et lui artiste associé. S’approprier cette traduction c’est le choix d’une transcription exigeante, mais faite par un écrivain et dramaturge adepte des découpages, brisures et simultanéités inspirés de l’avant-garde littéraire du XXe siècle. Homme de théâtre, son expérience lui permet de ne pas rendre hermétique par un trop-plein de maniérisme la force scénique du poème.

Mikaël Serre

Abou Lagraa

Chorégraphe franco-algérien, il commence la danse à 16 ans avant d’entrer au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon. Il entame sa carrière de danseur interprète au S.O.A.P. Dance Theater de Francfort auprès de Ruy Horta dont il devient l’assistant sur un projet au Gulbenkian de Lisbonne. Très vite remarqué, il travaille avec Robert Poole, Denis Plassard et Lionel Hoche. Par deux fois, ses qualités d’interprète sont récompensées en 1998 par le 2ème Prix d’interprétation au Concours International de Danse Contemporaine de Paris et en 2009 celui du Prix du Meilleur Danseur International 2009 décerné par l’International Movimentos Dance Prize. En 1997, il fonde La Baraka, sa propre compagnie et devient artiste associé à Bonlieu, Scène Nationale d’Annecy puis en résidence de production aux Gémeaux, Scène Nationale de Sceaux de 2009 à 2013. En 2015, il sera artiste associé à la Maison de la Danse de Lyon. Rapidement, la renommée de la Compagnie franchit les frontières et les tournées s’enchaînent partout en Europe mais également aux Etats-Unis, en Algérie, en Tunisie, en Russie, en Chine et en Indonésie …
Parallèlement à son travail au sein de sa compagnie, Abou Lagraa est régulièrement sollicité par de grandes structures. En 2001, il crée Fly, Fly pour le CCN Ballet de Lorraine, pièce qui entrera par la suite au répertoire de l’ABC Dance Company de St Pölten (Autriche). En 2003, il crée pour les étudiants de deuxième année du Centre National de Danse Contemporaine d’Angers, puis en 2007 pour les élèves de la Hochschule de Francfort et ceux du Centre Méditerranéen de Danse Contemporaine de Tunis. En 2006, il entre au répertoire du Ballet de l’Opéra National de Paris avec Le Souffle du Temps, une création, pour 21 danseurs dont 3 étoiles (Marie-Agnès Gillot, Manuel Legris, Wilfried Romoli). Enfin, en 2008, il est l’invité du Memphis Ballet (USA) pour lequel il écrit Everyone’s one. En collaboration avec le ministère de la Culture français, le ministère de la Culture algérien et l’Agence Algérienne pour le Rayonnement Culturel, il travaille avec Nawal Ait Benalla Lagraa, à l’élaboration d’un « Pont Culturel Méditerranéen » , projet de coopération franco-algérienne pour le développement de la danse et d’échanges artistiques, fondé sur un programme de formation et de création. Dans ce cadre, il se voit confier en juillet 2009 la chorégraphie de la cérémonie de clôture du deuxième Festival culturel Panafricain d’Alger. En 2010, il crée le Ballet Contemporain d’Alger, sous la responsabilité pédagogique de Nawal Ait Benalla-Lagraa, avec une première pièce NYA dont le succès aboutit à plusieurs tournées nationales et internationales. Cette pièce sera distinguée puisqu’en 2011, elle lui vaut de se voir décerner le Grand Prix de la Critique au titre de « meilleure chorégraphie de l’année » . Depuis 2008, il a retrouvé son passé, ses racines, une partie de son histoire culturelle, d’où le titre de sa création en 2013 El Djoudour (les racines). A la fois contemporaine et métissée, cette pièce est issue d’un compagnonnage fructueux entre sa propre compagnie française et le Ballet Contemporain d’Alger, et a ouvert la manifestation « Marseille-Provence, capitale européenne de la culture ».

Production Cie La Baraka. Coproduction La Maison de la Danse / Lyon ; Le Grand Théâtre de Provence / Aix-en-Provence ; Les Gémeaux – scène nationale / Sceaux ; Bonlieu – scène nationale / Annecy ; Théâtre national de Chaillot ; CCN de Créteil et du Val-de-Marne ; Festival Movimentos / Wolfsburg – Allemagne.
Avec le soutien du Théâtre de Suresnes Jean Vilar.
La Cie La Baraka reçoit le soutien de la DRAC Rhône-Alpes, du conseil régional Rhône-Alpes, de la ville de Lyon, de la Fondation BNP Paribas et de la SPEDIDAM.
Résidence de création à la Maison de la Danse de Lyon, au Théâtre des Cordeliers, Agglo en scènes – Annonay. Accueils studio au Centre Chorégraphique National de Créteil et du Val-de-Marne / Compagnie Käfig – direction Mourad Merzouki, au Théâtre de Suresnes Jean Vilar, au Studio Lucien – Cie Propos.