• Saison 2019-2020
Salle Aéroplane
1h20
Dès 15 ans

De Georges Bernanos
Adaptation Jean-Baptiste Sastre et Gilles Bernanos
Conception Hiam Abbass et Jean-Baptiste Sastre

Georges Bernanos est tout autant un témoin engagé de l’Histoire, qu’un romancier « qui a juré de nous émouvoir », au travers d’une vérité âprement disputée.

En 1944, alors qu’il est exilé au Brésil depuis cinq ans, Bernanos livre une vision fulgurante du XXIe siècle, dans lequel il perçoit l’Homme perdu dans un brouhaha incessant, « informé de tout et condamné à ne rien comprendre ». Se fabriquant sans cesse des besoins inutiles autant qu’insatiables, l’Homme s’éloigne de toute vie intérieure et par conséquent de sa liberté. Celle de penser, qui ne peut vivre que dans le silence.
Adapté de l’essai éponyme et d’autres récits par Jean-Baptiste Sastre et Gilles Bernanos — petit-fils de l’écrivain — La France contre les robots nous convie aux retrouvailles entre nous et notre liberté qui se conquiert chaque jour contre nos habitudes, nos préjugés, contre nous-mêmes.

Avec Jean-Baptiste Sastre
Lumières Dominique Borrini

Français, si vous saviez, Les Enfants humiliés, Scandale de la vérité, La Liberté pour quoi faire ? et Nous autres Français de Georges Bernanos sont publiés aux Éditions Gallimard.

Georges Bernanos est connu pour ses romans et ses Dialogues des carmélites. Régulièrement réédités, adaptés dans des films comme Journal d’un curé de campagne et Mouchette de Robert Bresson ou Sous le soleil de Satan de Maurice Pialat, l’opéra de Francis Poulenc a porté l’histoire des carmélites de Compiègne dans le monde entier. Mais, à travers ses essais et autres Écrits de combat, Bernanos est tout autant témoin engagé dans l’Histoire que romancier. Sans doute, les deux ne font-ils qu’un chez lui et chacun de ses romans témoigne d’une vérité âprement disputée. Grands cimetières sous la lune, La liberté, pour quoi faire ?, Scandale de la vérité, Révolte de l’esprit, La France contre les robots. Autant de titres, autant de thèmes qui donnent le ton.« J’ai juré de vous émouvoir. D’amitié ou de colère, qu’importe. » Bernanos nous invite, nous exhorte, nous supplie parfois : « Ce n’est pas ma chanson qui est éternelle, c’est ce que je chante. »
C’est qu’il y a urgence !
« La maison brûle. » Ce monde, dans lequel nous sommes « informés de tout et condamnés ainsi à ne rien comprendre », s’organise inexorablement « contre toute espèce de vie intérieure » en accaparant l’ici et maintenant de chaque instant. Insécurité, chômage, mondialisation, guerre économique, les mots se conjuguent ou se bousculent pour susciter la peur, au nom d’une société de consommation, dictée par le profit et engagée dans une course destructrice du monde et des hommes, aux besoins insatiables… inutiles. Angoisse et désir. Deux côtés d’une seule et même pièce. Pour quelle liberté et quel bonheur ?
Comment s’y retrouver ? Ou plutôt se retrouver ? Au milieu du brouhaha des sollicitations permanentes, sans silence point de salut. Sans vie intérieure, pas de liberté authentique. Précisément ! Nous y sommes : « La liberté est sur le bord de la route mais vous passez devant elle sans tourner la tête. »
Avec le spectacle La France contre les robots, c’est à une évocation fulgurante de la vision de Bernanos pour le XXIe siècle – et dont nous sommes aujourd’hui témoins – que Jean-Baptiste Sastre convie le spectateur. Le spectacle est adapté à partir de plusieurs textes extraits des titres cités, parmi les plus révélateurs et les plus puissants de l’oeuvre, pour constituer un ensemble cohérent. À travers eux, l’auteur y trace un portrait sans concession du monde moderne tel qu’il l’entrevoit. Mais l’écrivain nous invite aussi et d’abord à des retrouvailles.
« Car la liberté de notre pensée se conquiert chaque jour contre nous-mêmes, contre nos habitudes, nos préjugés… » Penser librement pour un autre regard sur le monde, une autre vision de l’avenir, une autre conception de l’Homme.

Gilles Bernanos

 

« On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure…
vous vous fichez éperdument de la vie intérieure, mais c’est tout de même en elle et par elle que sont transmises jusqu’à nous des valeurs indispensables, sans quoi la liberté ne serait qu’un mot. »
Georges Bernanos, extrait de La France contre les robots, 1945

Jean-Baptiste Sastre
Après des études au Conservatoire national supérieur d’Art dramatique de Paris, Jean-Baptiste Sastre signe en 1995 sa première mise en scène, Histoire vécue du roi Toto, d’après l’oeuvre d’Antonin Artaud (Théâtre de la Bastille, Paris, 1995).
Il met en scène au Théâtre National de Chaillot des textes de Genet, Duras, Marlowe, Büchner, Marivaux, Labiche ou Coleridge. Il travaille avec des acteurs tels que Philippe Clévenot, Jean-Marie Patte, Marcial Di Fonzo Bo, Hiam Abbass, Jerzy Radziwiłowicz, Hervé Pierre, Vincent Dissez, Denis Podalydès, Sylvester Groth et Christine Murillo. De plus, il collabore avec des plasticiens tels que Sarkis et Boltanski.
En 2005, il est lauréat de la Villa Médicis hors les murs à Londres.
Il met en scène La tragédie du roi Richard II de Shakespeare dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes (Festival d’Avignon 2010).
Par la suite, il met en scène Phèdre les oiseaux de Frédéric Boyer avec Hiam Abbass et plusieurs communautés Emmaüs en France ainsi qu’à l’étranger avec des enfants des rues et des sans-abri. Ce projet significatif de quatre ans a notamment été présenté en tournée à Marseille et Aix-en-Provence, dans le cadre de Marseille-Provence 2013, Capitale Européenne de la Culture ; à Berlin avec le Straßenchor de Berlin, choeur des sans-abri de la ville ; à Los Angeles avec la Communauté de Venice Beach, choeur des enfants de la rue de Los Angeles ; à New York avec Haitian-Americans In Action (HAIA) ; en Italie avec les Compagnons d’Emmaüs d’Erba ; en Palestine avec les enfants du camp de réfugiés de Balatah, Naplouse ; et en Israël avec les enfants des villages de Galilée, Centre des Sourds et Muets.
Son parcours en tant qu’acteur lui a permis d’interpréter de nombreux rôles : Ernesto dans La pluie d’été de Marguerite Duras, mise en scène d’Éric Vigner (Le Quartz – Scène nationale de Brest, 1993/1994), Hippolyte dans Phèdre les oiseaux de Frédéric Boyer (Centre dramatique national de Lorient, 2012), Le Mari dans Les mamelles de Tirésias de Guillaume Apollinaire, mise en scène d’Ellen Hammer et Jean-Baptiste Sastre (Théâtre Garonne, Toulouse, 2012), Pridamant dans L’illusion comique de Corneille, mise en scène d’Éric Vigner (Centre dramatique national de Lorient, 2015).

[COLUMN]

Hiam Abbass
Hiam Abbass est née à Nazareth. Elle suit des cours de théâtre durant toute sa scolarité. Puis elle s’engage dans des études de photographie à Haïfa. Elle enseigne la photographie à l’Université de Bir-Zeit. Puis en 1982, elle revient au théâtre comme actrice et programmatrice au théâtre El-Hakawati à Jérusalem Est. En 1988, elle part s’installer à Londres d’abord, puis Paris.
Elle interprète de nombreux rôles dans divers films en sillonnant le monde : Haïfa de Rashid Mashharawi (Palestine), Vivre au paradis de Bourlem Guerdjou (France), L’ange du goudron de Denis Chouinard (Canada), Satin rouge de Raja Amari (France-Tunisie), La porte du soleil de Yousry Nasrallah (France), La fiancée Syrienne et Les citronniers d’Eran Riklis (Israël), ce dernier a gagné le prix du public au festival de Berlin et notamment plusieurs prix d’interprétation ; une nomination à l’Académie du Film Européen, le prix d’interprétation à l’Académie Israélienne et le prix d’interprétation APSA en Australie ; Paradise now de Hany Abu-Asaad (Palestine), nommé aux Oscars ; Free zone et Désengagements d’Amos Gitaï (Israël), Munich de Steven Spielberg (USA), The Nativity story de Catherine Hardwicke (USA), Dialogue avec mon jardinier de Jean Becker (France), The visitor de Tom McCarthy (USA) ou elle joue face à Richard Jenkins (nommé aux Oscar), Amreeka et May in the summer de Cherien Dabis (USA), The limits of control de Jim Jarmusch (USA), Every day is a holiday de Dima Elhorr (France/Liban), Persécutions de Patrice Chereau (France), Miral de Julian Schnabel (USA), I am slave de Gabriel Range (UK), La source des femmes de Radu Mihaileanu (France/Maroc), Rock the Casbah de Laïla Marrakchi (France/Maroc), Exodus de Ridley Scott (UK), Dégradé des frères Nasser (Palestine), À mon âge je me cache encore pour fumer de Rayana (France/Algérie), Corps étranger de Raja Amari (France/Tunisie), Insyriated de Philippe Van-Leeuw (France/Belgique), Crossing the border de Peter Kosminsky (UK), Blade runner 2049 de Denis Villeneuve (USA).
Actuellement elle tourne dans la série Succession pour HBO (USA).
Sur Babel, d’Alejandro González Iñárritu, comme pour Munich et The Nativity story, elle a travaillé en tant que consultante créative et coach pour les enfants et les non-acteurs.
Elle a aussi prêté sa voix à Jenane dans Azur et Asmar de Michel Ocelot.
Au théâtre, elle joue dans La nuit miraculeuse d’Hélène Cixous, mis en scène par Ariane Mnouchkine (France, 1989), Carmen de Georges Bizet, mis en scène par José Luis Gomez (Opéra de Paris, 1993), Phèdre les oiseaux de Fréderic Boyer, mis en scène par Jean-Baptiste Sastre (2012/2013), Les mamelles de Tirésias de Guillaume Apollinaire, mis en scène par Ellen Hammer et Jean-Baptiste Sastre (2012/2015), In the eyes of heaven de Rachid Benzine, mis en scène par Ruud Gielens (2015/2016).
Régulièrement, elle passe de l’autre côté de la caméra et a réalisé les court-métrages Le pain (France, 2000), La danse éternelle (France, 2003), Le donne della vucciria (Italie, 2013), et le long-métrage Héritage (France/Palestine/Israël, 2012).

[COLUMN]

Gilles Bernanos
Gilles Bernanos, co-adaptateur avec Jean-Baptiste Sastre du spectacle La France contre les robots, est petit-fils de Georges Bernanos. Juriste de formation, titulaire d’un MBA, son parcours est celui d’un manager d’entreprise. À la suite du décès de son père Jean-Loup Bernanos en 2003, il devient administrateur de l’œuvre de son grand-père. Il s’engage dans la publication de ses romans chez le Castor Astral, nouvel éditeur de référence : Sous le soleil de Satan, L’imposture, mais aussi Les grands cimetières sous la lune et La France contre les robots. Leur publication en format poche se généralise ensuite. Gilles Bernanos contribue à la rédaction et à l’édition de la nouvelle Pléiade des romans parue chez Gallimard en 2015 puis coordonne et présente en 2017 la réédition du Chemin de la Croix-des-âmes aux éditions du Rocher et la sortie de La révolte de l’esprit aux éditions Les Belles Lettres (collection Le goût des idées de Jean-Claude Zylberstein). L’année 2017 s’enrichit encore de la réédition de La liberté, pour quoi faire ? et de Français, si vous saviez chez Folio Essais. Gilles Bernanos intervient régulièrement lors de conférences et d’interviews à propos de son grand-père.

Extraits 

Cette harangue rappelle que liberté et égalité ne se valent pas, que l’une est fragile et l’autre l’outil des plus terribles tyrannies. […] Il y a quelque chose dans ce texte qui interpelle, dérange presque dans son étrange actualité.
[…] Porté splendidement par la voix et le jeu de Jean-Baptiste Sastre, souligné par de très beaux jeux de lumière et d’ombre et ponctué par de beaux moments musicaux, La France contre les robots et autres textes est un spectacle qui vous empêchera de vous endormir sur vos lauriers.
Lire la critique Avignon Off sur le blog Bullesdeculture – juillet 2018

 

Le texte est dense et la mise en scène, d’une sobriété absolue, mise sur l’écoute du public […]. Difficile et surtout inutile de tenter de résumer des milliers de pages en quelques lignes, l’essentiel étant que Jean-Baptiste Sastre parvient à nous offrir un merveilleux moment de poésie durant lequel le temps semble suspendu à ses lèvres et aux mots du romancier. 
[…] Un spectacle nécessitant une écoute attentive mais qui reste inévitable et essentiel.
Lire la critique Le bruit du off – juillet 2018

La France contre les robots n’est pas un pamphlet. C’est une réflexion vive, complexe, érudite. […] Bernanos est l’héritier du siècle des Lumières. Lorsque l’on sort du spectacle, on est pressé de se replonger dans sa lecture.
Lire la critique L’Humanité – juillet 2018

 

De tous les spectacles vus à Avignon, duquel gardera-t-on un souvenir indélébile ? De ce monologue tiré du grand livre de Bernanos contre la civilisation des machines, dit par Jean-Baptiste Sastre (avec la complicité de Hiam Abbass). Ce texte prophétique datant de l’immédiat après-guerre (1945) prend ici une intensité stupéfiante, et ce grâce à des riens : une lumière que l’acteur déplace, et sa voix, ses sourcils froncés, ses yeux mi-clos et ses gestes rares, d’où jaillissent une ferveur, une colère, une lucidité qui nous manquent…
Lire la critique Le Canard enchaîné – juillet 2018

 

 

 

Production déléguée Le Liberté – Scène nationale.
Production Châteauvallon – Scène nationale.
Avec le soutien du Centre français de Berlin et du Théâtre des Halles / Avignon.