• Saison 2014-2015
Salle Aéroplane
1h15
Dès 15 ans

Texte et interprétation Pierre-Olivier Scotto

Il en a rêvé, elles ne le quittent plus.

Vêtues de noir, elles chantent en chœur : « Parle de nous ! Ho ! Parle de nous ! » Tant de femmes croisées dans une vie : amoureuses, maternelles, consolatrices, joueuses, enjôleuses, menteuses,  il n’en manque pas une ! Elles sont toutes là à se bousculer pour prendre la parole, à réclamer leur part de gâteau, leur miette de souvenir, leur bribe de reconnaissance.
En rang d’oignon, elles attendent sagement leur tour. Et l’homme se souvient. Voilà Antoinette, la dame de la cantine qui lui donnait du rab de frites, Mme Pépin, la psychanalyste et son chien Sigmund, Framboise, l’initiatrice aux plaisirs des sens. Comme les ailes du papillon qui peuvent bouleverser la planète, leurs battements d’Elles ont construit celui qu’il est devenu.
L’auteur, Pierre-Olivier Scotto, interprète lui-même cette autofiction impressionniste qui fait, avec humour et tendresse, le tour de toute une vie.

Texte et interprétation Pierre-Olivier Scotto

Mise en scène Julie Carcuac
Lumières Jean-Frédéric Beal

J’ai beaucoup écrit sur les femmes en m’inspirant de mon histoire familiale. J’ai été élevé dans une société matriarcale italienne. Le Mal de Mère (Théâtre de La Madeleine et théâtre du Palais Royal), Le Ciel est Egoïste (Théâtre du Palais Royal), La Belle Mémoire (Théâtre Hébertot), racontent des destins de femmes exceptionnelles, des femmes de premier plan.
Mais tant d’autres ont été une vraie source d’inspiration et de bonheur !
Depuis des années, je tiens un petit répertoire où je note tous ces instantanés, tous ces moments délicieux partagés avec ces femmes. Aujourd’hui, mon carnet est plein et elles me demandent toutes de les raconter ou plutôt de les conter.
Alors, j’ai pris pour ce spectacle, la forme théâtrale du récit, de l’autofiction monologuée.
C’est un retour aux origines car j’ai commencé ma vie d’auteur avec des monologues : Haut comme la table, Les contes d’un lycéen, La Comédie Imaginaire.
J’ai rouvert mon carnet et elles sont toutes apparues, bien présentes, bien vivantes, belles. Aucune d’elles n’a voulu s’imposer, n’a voulu tirer la couverture. Elles sont toutes respectueuses les unes des autres.
Dans ce texte, il n’y a pas d’ordre chronologique d’apparitions. Elles apparaissent quand bon leur semble. Un mot, une
sensation, une odeur les font surgir.
Vous rencontrerez Antoinette, la dame de service de la cantine qui me donnait du rab de frites. Vous découvrirez l’instant d’après, Madame Pépin, ma première psychanalyste avec son chien Sigmund et puis rentrera en scène,
Framboise, l’initiatrice aux plaisirs des sens …
Elles n’ont pas toutes un nom. Elles sont parfois sensations.
Des voix familières me charmeront. Vous entendrez la voix de Françoise Seigner, la grande comédienne de Molière, la voix de Cécilia Bartoli, …
Des mains aussi apparaîtront, des femmes aux mains ouvertes, généreuses : couturière, épicière, sage-femme…
Et puis il y a les mots, les mots de ces femmes. Des mots qui m’ont souvent rassuré, rasséréné. Elles nous livreront leurs mensonges mais des mensonges qui font du bien, qui aident à grandir.
En fait, Battements d’Elles est un récit impressionniste où, par touches, je raconte ma part féminine (comme diraient les psy), où j’évoque ma nostalgie mais une nostalgie heureuse.
Au fil des séquences écrites, j’ai eu l’impression que toutes ces femmes s’envolaient de mon carnet et allaient rejoindre la lumière. (Peut-être celle des projecteurs).
Ce sont tous ces «battements d’elles» que je vais vous conter.
Elles ont hâte… Moi aussi !
NB. J’ai demandé à Julie Carcuac, de mettre en scène cette belle volière. Elle saura nous porter sur le rivage des femmes.
Les metteuses en scène possèdent une garde robes émotionnelle plus riche que leurs homologues masculins.
Pierre-Olivier Scotto

 

Le texte de Pierre-Olivier Scotto est écrit comme un puzzle, le personnage masculin étant le socle accueillant toutes ces « Elles ». La mise en scène doit être simple, permettant une lecture imaginaire au spectateur.
J’ai travaillé sur ce spectacle comme sur un conte ; certaines «Elles» sont des princesses, d’autres des sorcières, des bonnes fées. Leur point commun est le rôle qu’il croit qu’elles ont joué dans sa vie. Ces femmes doivent être universelles, le spectateur doit pouvoir les voir non seulement en tant que personnes mais aussi à travers son regard à lui, «Petit Homme».
Le rêve et l’imagination sont matérialisés par une liseuse, sorte de cabane d’enfant, qui deviendra tour à tour canapé, lit, bureau de professeur …
Un mannequin de vitrine, sur lequel les accessoires des ces femmes sont posés, représente le reflet, l’ombre de «Petit Homme».
Elles sont lui, il deviendra elles, il deviendra lui.
Les contes ont souvent été écrits pour moraliser les enfants. Ce conte, sans morale mais plein d’humour, existe pour nous rappeler qui nous sommes et combien les autres nous ont construits.
«Petit Homme» croit savoir d’où il vient, Elles lui rappellent comment il est devenu « Grand Il », et combien un battement d’Elles nous aide à grandir.
Julie Carcac

Pierre-Olivier Scotto est avant tout un homme de théâtre. Formé au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris, il entre à la Comédie Française. Il quitte le Français pour mettre en scène et créer son propre théâtre avec Martine Feldmann, Le Théâtre de l’Escalier d’Or, où l’accent sera mis sur la création contemporaine.
Il commence alors à écrire ses propres textes. L’homme de théâtre se fait aussi homme de plume. Sa couleur fondamentale est l’humour. Parmi ses pièces écrites en collaboration avec Martine Feldmann nous pouvons citer Le Mal de Mère avec Tsilla Chelton qui lui a valu trois nominations aux Molières 97 : Meilleure Pièce de Création, Meilleur Auteur, Meilleure
Comédienne ; Le Ciel est Egoïste ? avec Tsilla Chelton, Françoise Seigner et Stéphane Bierry, dans une mise en scène de Pierre Aufrey au Théâtre du Palais-Royal ; La Belle Mémoire avec Geneviève Casile dans une mise en scène d’Alain Sachs pour laquelle il a reçu là aussi trois nominations aux Molières 2004 ; Jeux d’rôles avec Sonia Volleraux dans une mise en scène de Marion Sarraut au Théâtre Marigny.
Le Mal de Mère a été recréé avec Marthe Villalonga et Bruno Madinier dans une mise en scène d’Isabelle Rattier.
Les pièces de Pierre-Olivier Scotto sont traduites et jouées à l’étranger.
Enfin il a aussi réalisé pour le cinéma Le Roman de Lulu un film avec Thierry Lhermite et Claire Keim.

Dans Battements d’elles Pierre-Olivier Scotto nous livre un joli seul-en-scène, une confession intimiste sur l’admiration qu’il porte aux femmes qui ont peuplé sa vie. Les femmes, toutes ses femmes, mêmes les plus fugaces comme la dame de service de la cantine ou encore sa première psychanalyste il nous les racontent. Par un geste, une voix, un accessoire, il les réunit sur le plateau dans un ballet un brin mélancolique.
Audrey Jean, theatres.com