Chorégraphie Dominique Rebaud
Cie Camargo
Pour 6 danseurs
D’après les spectacles Voix-Yel, Âge d’Or et Mouv’Ment
sur des poèmes d’Arthur Rimbaud
Première partie : Solo « R » – chorégraphie Mickaël Le Mer – Compagnie S’Poart
Avec un titre comme Des mondes et des anges, lancé en 1996, la chorégraphe Dominique Rebaud ouvrait large les portes d’une bulle de rêve.
Composé de trois pièces, créées les unes à la suite des autres à Suresnes cités danse puis à l’Opéra de Paris Bastille, ce spectacle déclinait la langue et la magie d’Arthur Rimbaud en trois pans et trois poèmes. Voix-Yel (1996) pour six jeunes danseurs issus du mouvement hip hop s’appuie sur le poème Voyelles pour évoquer le thème du défi ; Mouv’Ment (1997) surfe sur les voix enregistrées des interprètes en pariant sur une danse frontale ; enfin Âge d’Or (1998) distingue deux danseuses qui plongent en osmose dans l’intime du texte qui évoque gaieté, insouciance et chante l’instant. Au coeur de cette poésie visionnaire, dont le spectre de sensations semble infini, Dominique Rebaud a joué sur les flux, les rythmes, l’intensité viscérale des poèmes pour irradier la danse d’un souffle unique. Interprété par trois générations de danseurs, Des mondes et des anges offre un trip rimbaldien à la danse hip hop, à revoir.
Chorégraphie Dominique Rebaud
Avec Gaëlle Hourdel, Mohamed El Hajoui, Loup Vilmet, Sonia Duchesne, Maxime Cozic, Bernard Wayack Pambé
Transmission David Mathor
Lumières Arnaud Sauer
Montage sonore Alain Michon, Dominique Rebaud
En janvier 1997, j’ai créé Voix-Yel lors du Festival Cité Danse Variations pour huit jeunes danseurs issus du mouvement hip hop. Le projet de chorégraphier des poèmes d’Arthur Rimbaud existait depuis longtemps dans la compagnie, et lorsque cette commande m’a été faite c’est à ces poèmes que j’ai tout de suite pensé. L’énergie des mots, la force des images, le rythme des vers, les cassures, le désespoir et les éblouissements de la poésie de Rimbaud répondait au delà du temps à la danse hip hop. L’aventure de Voix-Yel ne pouvait s’arrêter là, la force de notre rencontre, l’accueil enthousiaste du public, les propositions, dont celle de l’Opéra National de Paris en mai 98, m’ont conforté dans l’idée que ce pari, relevé dans l’urgence, se devait d’être poursuivi et approfondi. En 1998, grâce à une nouvelle commande du Théâtre Jean Vilar de Suresnes, nous avons créé Mouv’Ment et pu approfondir notre recherche : la confrontation d’un langage poétique et de la danse hip hop, le débordement des énergies dans la rigueur des espaces, l’aller-retour des sons et des musiques dans les cassures du corps, le contraste brutal des pièces de groupe, des solos ou duos. Je commence toujours par écrire une partition chorégraphique rigoureuse de la pièce.Pour Voix-Yel, j’ai repris l’image du « défi », très présente dans le hip hop, deux lignes de chaises face-à-face. Pour Mouv’Ment, c’est l’aspect frontal de la danse de la danse hip hop qui a structuré la pièce. Puis la chorégraphie est construite rythmiquement et spacialement, à cette étape de la création la collaboration avec les concepteurs de la bande sonore et de la lumière est essentielle. Ainsi lorsque les répétitions commencent avec les danseurs, je demande à chacun d’inscrire sa danse dans cette partition, et je cherche à la fois à respecter la structure, mais aussi à la bouleverser, à la malmener, pour créer humour, surprise et distance. Les voix des danseurs enregistrées sur la bande et disant les poèmes de Rimbaud jouent avec la polysémie de chaque mouvement, créant ainsi des profondeurs et des volte-faces soulagées par de brusques silences. Puis pour l’Opéra National de Paris en 1998, nous avons créé un duo pour deux danseuses hip hop, Age d’Or. Il suggère un rapport plus intimiste à la danse Hip-Hop sur ce poème de Rimbaud qui évoque la gaieté et l’insouciance, et qui chante l’instant. Ces trois pièces réunies formèrent un spectacle intitulé Des mondes et des anges, qui tourna plusieurs saisons. Il marqua l’aboutissement de notre travail de création avec ces dix danseurs, dont certains intégrèrent notre compagnie.
Dominique Rebaud
[COLUMN]
Voyelles – Extraits
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissance latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles
Arthur Rimbaud – Poésies
Age d’Or – Extraits
Quelqu’une des voix
Toujours angélique
– Il s’agit de moi –
Vertement s’explique :
Ces mille questions
Qui se ramifient
N’amènent, au fond,
Qu’ivresse et folie;
Arthur Rimbaud – Vers Nouveaux
Mouvement – Extraits
Le mouvement de lacet sur la berge des chutes du fleuve,
Le gouffre à l’étambot,
La célérité de la rampe,
L’énorme passade du courant,
Mènent par les lumières inouïes
Et la nouveauté chimique
Les voyageurs entourés des trombes du val
Et du strom.
Arthur Rimbaud – Illuminations
Des danses vers la démocratie.
…Ils sont les rois de ce grand échiquier, des anges dira Dominique Rebaud, prompts à bouleverser les règles du jeu. Ce sont le mots de Rimbaud accompagnés d’une rythmique cousue main pour le hip-hop qui vont enclencher la dynamique du spectacle et faire éclater le geste… Les Voyelles, accompagnées de leurs couleurs respectives, sont scandées par les danseurs sur la bande son et donnent des habits neufs au mouvement. Profils et diagonales recomposent la présence des corps. Le texte, déstructuré, fait apparaître des correspondances subtiles, des ruptures … Mouv’Ment se singularise notamment par la musique de Dmitri Shostakovitch, dont le quatuor à cordes incisif apporte une tension et contraste avec les écarts trip-hop de la bande son. Ici la forme gestuelle s’affirme plus avant dans les jeux de bras, les corps osent d’avantage se regarder, se toucher, s’imbriquer. La poésie s’énonce dans la quiétude, les mots se posent et les silences s’imposent, ponctués par quelques virgules humoristiques… Et le projet de se conclure par un ultime pied de nez aux freins qui tentent de limiter les territoires d’un mouvement en plein essor : un duo de filles sur le poème L’âge d’Or. Elles montrent que Des mondes et des anges peut être un espace de liberté pour tous. Elles provoquent le débat et l’émotion aux Rencontres de la Villette. Des mondes et des anges fait entrer le hip hop à l’Opéra de Paris via une programmation à l’amphithéâtre.
Nathalie Yokel, journaliste et critique
Solo « R »
Direction artistique et chorégraphie Mickaël Le Mer
Avec Teddy Verardo
Production Compagnie S’Poart
Création lumière Nicolas Tallec
Composition originale Julien Camarena
Costumes Amandine Fonsin
Note d’intention
Solo « R » est extrait de la création Rouge de la compagnie S’Poart, chorégraphié par Mickaël Le Mer.
Teddy Verardo interprète trois tableaux de cette pièce chorégraphique initialement écrite pour sept danseurs. Danseur d’une grande virtuosité il trouve sa gestuelle dans la danse hip hop et la danse contemporaine. Elégant, généreux, il propose une interprétation personnelle de cette création. Il emporte le spectateur à se retrancher dans plusieurs ressentis…LE ROUGE, couleur ambigüe, elle joue sur les paradoxes et anime des sentiments intenses et passionnels en totale contradiction.
Mickaël Le Mer
Né en 1977, Mickaël Le Mer découvre le hip hop au début des années 90. Il se forme avant tout au sein de l’aventure collective de la Compagnie S’Poart dès 1996. C’est dans ce contexte collectif que Mickaël Le Mer fit son premier essai en tant que chorégraphe et c’est avec In Vivo (2007), qu’il inaugure et assume une écriture exigeante qui prend appui sur l’expérience personnelle des danseurs. Le résultat est marqué d’une sensibilité à la fois poétique et urbaine, tout en développant une grande maîtrise de l’espace scénique, et de toutes les composantes du spectacle (lumière, scénographie, musique…).
Son travail fut notamment récompensé en 2009 par le second prix du jury au concours de danse contemporaine « Re-Connaissance », qui est un concours organisé conjointement par la Maison de la danse de Lyon et le Centre de développement chorégraphique de Grenoble.
Suite à ce succès, Mickaël Le Mer, directeur artistique et chorégraphe de la compagnie, fut invité par l’Institut Français (anciennement Cultures France) à créer une pièce dans le cadre de l’année croisée France-Russie 2010. Cette demande aboutira à la création de la pièce franco-russe Na Grani, une pièce chorégraphique pour dix danseurs et danseuses russes et français, issus du hip hop et de la danse contemporaine. Na Grani fut jouée pour la première fois à la Biennale de la Danse de Lyon en 2010.
En 2012, il crée Instable, pièce chorégraphique pour six danseurs, et en 2013, Rock it daddy, un show de danse hip hop sur des musiques rock n’roll cultes des années 50 à aujourd’hui. Il participe également à de nombreux projets pédagogiques à la Roche sur Yon comme à l’étranger (Chine, Québec) toujours dans un souci de conserver un rapport de proximité avec les différents publics.
[COLUMN]
Teddy Verardo
A 16 ans Teddy Verardo commence la danse hip hop à Marmande (47) où il apprend les bases en hip hop et notamment en breakdance.
A partir de 2007, il entre au Centre de Formation de l’interprète de la Compagnie Rêvolution à Bordeaux pour y apprendre les bases de la scène et se forme en danse académique. C’est en 2009 qu’il intègrera la Compagnie Käfig (Boxe Boxe ), la Compagnie Rêvolution (Urban Ballet). En 2012, il entre au sein de la Compagnie Massala (Transe, Le Moulin Du Diable) et enfin dans la Compagnie S’poart (Instable, Rouge).
La Compagnie S’Poart
L’espoir de faire de la danse un espace d’expression et de création basé sur la performance, l’échange, la découverte et la rencontre de l’autre.
L’histoire de la compagnie est avant tout une aventure humaine et collective qui débute en 1996. Suite à de nombreuses collaborations artistiques avec les compagnies Käfig et Accrorap, elle devient professionnelle en 2001 avec son spectacle Extra Luna, qui fut joué plus de quatre-vingt fois en France et à l’étranger.
Fort de ce succès, le travail de la compagnie S’Poart évolue de création en création, alternant entre créations et shows.
Le travail de la compagnie évolue au fil du temps et se nourrit des collaborations de chacun avec des artistes du cirque, du théâtre, de la musique et bien évidemment de la danse.
La compagnie accède, d’année en année, à une reconnaissance nationale puis internationale. Les spectacles de la compagnie sont actuellement diffusés à travers la France mais également à l’étranger.
Les pièces de la compagnie sont soutenues par la DRAC Pays de La Loire, l’Institut Français, la Région Pays de la Loire, la Ville de La Roche-sur-Yon, l’ONDA, l’ADAMI, Initiatives d’Artistes en Danses Urbaines (Parc de la Villette), Le grand R Scène nationale de la Roche sur Yon.
Dans un souci de partage et de rencontre, la compagnie S’Poart continue en parallèle de son travail de création et de diffusion, de délivrer des cours à destination de tous les publics : jeunes, adultes, stages à l’étranger, en milieu carcéral, dans les I.M.E …
Très attachée au soutien à la pratique amateur, la compagnie organise régulièrement des soirées de programmation des compagnies régionales (Urban Act) et organise tous les deux ans le festival « Colors » avec une parade de rue qui en 2012 a regroupé plus de 600 danseurs amateurs et 7000 spectateurs. Elle accompagne et encadre également plusieurs compagnies amateurs yonnaises : Inhopse, Cyclone, OXC, …
Production Compagnie Camargo. Coproduction Théâtre de Suresnes Jean Vilar / Suresnes cités danse 2016.
Avec le soutien de l’Adda du Tarn.
La Compagnie Camargo reçoit le soutien de la région Ile-de-France, du conseil départemental des Hauts-de-Seine et de la ville de Fontenay-aux-Roses.