• Saison 2015-2016
Salle Jean Vilar
1h40
Dès 15 ans

De Federico García Lorca
Mise en scène, traduction et adaptation Daniel San Pedro

C’est jour de noces au village. Il y a là, le fiancé, la fiancée, leurs proches et Léonard, le seul à avoir un prénom. Ils sont tous censés se réjouir.

En réalité, hors le fiancé, personne n’a le cœur à la fête. La mère, parce que son fils lui échappe, la fiancée, parce qu’elle aime toujours Léonard
et Léonard, fraîchement marié, parce qu’il ne peut oublier ce premier amour proscrit par la haine que se vouent leurs familles. La passion,
plus forte que la raison, finira par triompher dans le sang. L’Andalousie au soleil brutal, les hommes au couteau facile, habitent ce premier volet
d’une trilogie qui sera suivi par Yerma pour s’achever avec La Maison de Bernarda Alba.
Lorca nous parle là de frustration, d’amour impossible, mais magnifique, et de notre propre besoin d’affection. Daniel San Pedro (qui a déjà mis en scène Yerma, l’an dernier à Suresnes) a choisi d’en épurer le cadre. Il situe l’action dans une sorte de boîte plantée au milieu de nulle part pour en souligner la force émotionnelle et la portée universelle.

De Federico García Lorca
Mise en scène, traduction et adaptation Daniel San Pedro

Avec Nada Strancar, Clément Hervieu-Léger de la Comédie-Française, Stanley Weber, Yaël Elhadad, Martine Vandeville, Aymeline Alix,
Christian Cloarec, Luca Besse, Zita Hanrot

Musique Pascal Sangla
Scénographie Karin Serres
Costumes Caroline de Vivaise
Lumières Bertrand Couderc
Réalisation sonore Jean-Luc Ristord

Une trilogie rurale. Les trois derniers drames de Lorca
Ecrite en 1932, Noces de sang est le premier volet d’une trilogie de drames qui se déroulent à la campagne. Suivront Yerma, en 1934, puis La Maison de Bernarda Alba, achevée l’année de sa mort en 1936. Tragédies populaires peuplées de fleurs, de couteaux, de chants et de sang, ces drames trouvent leurs sources dans des faits divers survenus en Andalousie au début du XXème siècle. Bien que cette trilogie nous raconte trois histoires différentes, on peut y voir une vraie chronologie dans le drame. C’est la raison pour laquelle il m’est apparu évident de créer Noces de sang, après avoir monté Yerma. J’ai décidé ainsi de remonter le cours du temps, de chercher a comprendre le point de départ de ces tragédies. Le fil rouge de ces trois pièces est la frustration et l’amour impossible. Dans Noces de Sang, la difficulté à aimer et la frustration sexuelle laisseront deux cadavres, le jeune épousé et l’ancien fiancé, morts avant même d’avoir pu goûter à l’amour tant désiré. Face à eux, la jeune mariée, encore vierge se retrouvera veuve le jour même de ses noces. Dans Yerma, Jean et Yerma vont, après deux ans de mariage, lutter pour sauver leur couple. Yerma va espérer faire naître un enfant, mais leur amour stérile va les mener à la mort. Dans La Maison de Bernarda Alba, enfin, l’enfermement et le deuil imposés par Bernarda à ses filles, provoquent une telle frustration, que l’homme absent devient un fantasme sexuel libérateur. Là encore une mort violente achèvera cette l’histoire.

Federico García Lorca
Mettre en scène le théâtre de Lorca implique de se plonger de manière précise dans sa biographie. Ce n’est, en effet, qu’en s’attachant à la vie et à la personnalité du poète assassiné que l’on peut comprendre le fondement intrinsèque de son œuvre dramatique : les mécanismes et les conséquences de la frustration. L’homosexualité de Lorca était connue et il lui est même arrivé de se faire insulter tandis qu’il venait saluer à l’issue d’une représentation d’une de ses pièces. La frustration dont il a souffert n’est donc pas le simple fait de la clandestinité à laquelle il a été souvent contraint. Elle est davantage liée à la conscience du poète de son impossibilité à pouvoir construire une véritable vie de couple. Le refoulement physique parfois forcé ne vient que s’adjoindre au renoncement de la vie à deux.

[COLUMN]

Un drame moderne
Lorca ne nous parle pas d’un fait divers. Il nous met face à notre propre besoin d’amour. C’est l’universalité de ce propos qui m’a conduit à choisir de situer ce drame dans une esthétique plus contemporaine. Il me semble important de sortir l’œuvre de Lorca de l’image folklorique dans laquelle elle est souvent cantonnée. Les personnages n’ont rien de danseurs de flamenco au regard noir et à la silhouette cambrée. Réduire le théâtre de Lorca à une espagnolade convenue, c’est non seulement en simplifier la charge esthétique et poétique, mais c’est également en affaiblir considérablement le propos dramatique.

La scénographie
L’idée est de pouvoir jouer Noces de Sang et Yerma, dans la continuité et dans la même scénographie. Boîte plantée au milieu de nulle part, lieu de vie et de rencontres pour les gens de ce village, qui viennent y brûler leurs ailes comme des insectes attirés par la lumière, cette boîte, qui traverse le temps et attire le malheur, va être le témoin de ces deux drames. Elle en devient le personnage principal. Contrairement à Yerma, le décor n’est pas un lieu de travail mais un lieu de vie. Il accueille successivement les trois familles des protagonistes : celle du fiancé, celle de Léonard et celle de la fiancée. Il est le théâtre de la noce, avant de s’effacer, la nuit du drame et de prendre, à la lumière de la pleine lune, une forme fantomatique.

Des souvenirs…
Il y a mes souvenirs d’enfant dans les villages pauvres de Castille. Des étés heureux à vivre comme dans un siècle passé. Avec des paysans, des bergers et leurs troupeaux. Des noces et des enterrements où tout le village se retrouve. Avec la lumière et la chaleur écrasante, les odeurs et les rumeurs… Pour autant, comme pour Yerma, l’action ne sera pas située en Andalousie, ni même en Espagne, Le drame est universel. Ici les personnages sont des paysans mais sans sabots et sans accent. Leurs émotions sont à l’image de la nature : intense, imprévisible, cruelle et sauvage.
Un trop plein de sang coule dans leurs veines et rend le drame inévitable.
Daniel San Pedro

Daniel San Pedro
Formé au Conservatoire National de Paris, il participe à de nombreux spectacles théâtraux sous la direction notamment de Jean-Luc Revol (La Princesse d’Elide, Aristomène ; L’heureux stratagème, Arlequin ; La Tempête, Trinculo ; Les trente millions de Gladiator ; Al-Andalus), Tarzan Boy de Fabrice Melquiot mis en scène par l’auteur. Marcel Maréchal (Les trois mousquetaires, d’Artagnan ; L’École des femmes, Horace), Gildas Bourdet (L’Atelier), Jean-Luc Palies (Carmen la Nouvelle), Franck Berthier (La Régénération ; Autour de ma pierre il ne fera pas nuit), Philippe Calvario (Grand et Petit), Ladislas Chollat (Le Barbier de Séville, Figaro ; Le Mariage de Figaro, Figaro). Gregory Baquet (Les Insolites), Laurent Serrano (Il Campiello, Zorzetto) Il crée un monologue d’Israël Horovitz, Trois semaines après le paradis et Après le Paradis en création mondiale dans une mise en scène de Ladislas Chollat. Il travaille également avec Claude Brumachon (Y a ti ou pas) et tourne avec Paul Carpita (Marche et rêves, les homards de l’utopie ; Les Sables Mouvants), Michel Spinosa (Anna M.), Eliane de Latour (Les oiseaux du ciel), Raymond Pinoteau (Noël en Quercy) ou Philippe Triboit (Un Village français). Pour Les Sables Mouvants, il est nommé au Prix Michel Simon et reçoit le Prix d’interprétation au Festival du Jeune Comédien de Bézier. De 2002 à 2005, il est artiste associé au Centre National de création de Chateauvallon. Il met en scène Le Romancero Gitan ; A la recherche du lys ; Faute de Frappe ; Ziryab… Il est également professeur de théâtre à l’Ecole de Danse de l’Opéra National de Paris. En 2012, il joue Frontin dans L’Épreuve de Marivaux, mise en scène Clément Hervieu-Léger et dans la trilogie Des Femmes de Wajdi Mouawad à Nanterre-Amandiers. En 2013, il joue le rôle de Francis dans Tom à la Ferme de Michel Marc Bouchard et mis en scène par Ladislas Chollat (Prix SACD de la dramaturgie francophone de France, 2011).
Depuis 2010, il co-dirige la Compagnie des Petits Champs avec Clément Hervieu-Léger.

Production la Compagnie des Petits Champs.
Coproduction La Comédie de Picardie / Amiens, Le Rayon Vert / Saint-Valéry-en-Caux et le Centre National de Création et de Diffusion Culturelles – Châteauvallon.
Avec la participation artistique du Jeune théâtre national et le soutien de l’ADAMI.
La Cie des Petits Champs reçoit le soutien de la Drac Haute-Normandie – ministère de la Culture et de la Communication, de la région Haute-Normandie, du département de l’Eure, et de l’Odia-Normandie.