• Saison 2017-2018
Salle Jean Vilar
1h30
Tout public
Création

Paris Mozart Orchestra
Direction Claire Gibault
Violon solo Eric Lacrouts

Fondé en 2011 par Claire Gibault, le Paris Mozart Orchestra entend pratiquer l’orchestre comme de la musique de chambre. Quoi de mieux que ce programme consacré à Mozart avec le Quatuor Psophos comme ossature des cordes ?

Construit sur l’émancipation du compositeur autrichien ce concert nous fait entendre la liberté que son auteur a arrachée à ses commanditaires. Tout d’abord dans la Sérénade nocturne : de cette forme surannée, Mozart fait une véritable symphonie, démontrant son génie orchestral. Dans le Concerto en ré majeur de 1775 – interprété par Éric Lacrouts, violon solo de l’orchestre (mais aussi de celui de l’Opéra de Paris) – Mozart entraîne l’auditeur dans d’incessantes variations de tempo. Enfin, la Symphonie nº35 dite « Haffner » dans la même tonalité que le concerto, se révèle être véhémente et grandiose.

 

Wolfgang-Amadeus Mozart (1756-1791)
Les Noces de Figaro : ouverture, KV 492
Sérénade nocturne nº 6 en ré majeur, KV 239
Concerto pour violon nº 4 en ré majeur, KV 218
Symphonie nº 35 en ré majeur KV 385, dite Haffner

Les quatre œuvres qui constituent ce programme suivent Mozart dans l’étape décisive de sa vie de musicien. En effet, elles se situent de part et d’autre de sa rupture avec Salzbourg, son statut de musicien courtisan et l’emprise paternelle, jusqu’à son installation à Vienne comme artiste indépendant. Entre temps, il a accompli un voyage décevant à Paris mais, en chemin, découvert à Mannheim les ressources neuves offertes par l’orchestre que dirigeait Christian Cannabich et qui deviendra le modèle de « l’orchestre Mozart ».

Les Noces de Figaro KV 492. Ouverture
Les Noces de Figaro, représentées à Vienne en 1786, deux ans seulement après la création sensationnelle de la pièce de Beaumarchais à Paris, sont dans leur entièreté une perfection de théâtre portée par la musique : la psychologie la plus fine des personnages est rendue par le timbre des voix (le travesti de Chérubin par exemple), la couleur des instruments (la mélancolie des instruments à vent enchâssant les émotions amoureuses), les relations harmoniques (l’immense suspense du finale de l’acte 2).
L’ouverture conditionne sans délai l’écoute du spectateur, immédiatement et inexorablement embarqué dans cette « folle journée ». De forme sonate, de tempo presto, de rythme binaire, de tonalité brillante (ré majeur), convoquant tout l’orchestre, elle est une véritable course que rien n’interrompt et qui vous excite joyeusement.

Sérénade nocturne nº 6 en ré majeur, KV 239
Composée à Salzbourg en janvier 1776 par un jeune homme de vingt ans, cette sérénade est une œuvre « privée », peut-être un cadeau pour sa sœur Nannerl.
Elle innove dans l’instrumentation qui confronte deux ensembles instrumentaux distincts. Comme dans le concerto grosso de l’âge baroque un petit effectif est placé au premier plan, ici c’est un quatuor à cordes (la contrebasse tenant à la basse la partie du violoncelle) et dialogue avec des cordes scandées par les timbales.
Le premier mouvement, Marcia (Maestoso), s’amorce avec pompe dans un rutilant tutti que les timbales solennisent encore. Le premier violon du quatuor, discrètement accompagné par les trois autres solistes, piano, y répond par une phrase toute de charme. Puis la conversation s’engage avec un orchestre attentif aux pizzicati discrets. Les deux orchestres réunis et les timbales concluent brillamment ce mouvement.
Dans le Menuetto allegretto, le quatuor soliste se fond dans l’orchestre, sinon le trio central qu’il formule seul.
Le Rondeau final, allegretto, revendique une influence française. C’est un rondo régulier alternant refrain piquant et couplets surprenants. C’est là que le dialogue entre le quatuor de solistes et l’orchestre est le plus volubile.

Concerto pour violon et orchestre n°4 en ré majeur KV 218.
Les cinq concertos pour violon de Mozart, dont les trois derniers furent composés à un mois de distance à peine en 1775, devaient être joués à Salzbourg par les violonistes qui s’y produisaient alors, Antonio Brunetti sans doute. Ce sont les productions d’un artiste encore très jeune qui illustre la veine brillante du genre en privilégiant la virtuosité du soliste.
L’ouvrage se compose des trois mouvements, vif lent vif, habituels du concerto : allegro ; andante cantabile ; rondeau c’est à dire un refrain repris entre différents couplets.
En plus des cinq parties d’instruments à cordes, l’orchestre compte deux hautbois, deux cors et, optionnel, un basson qui peut renforcer les basses. Comparé aux deux concertos qui l’encadrent, ce quatrième concerto pour violon, daté d’octobre 1775, semble plus conforme aux conventions du genre et fait la part belle à la maîtrise du soliste, ne confiant le plus souvent à l’orchestre qu’un rôle de soutien. Le violon est ainsi sur le devant de la scène tout au long du mouvement lent, puis dans le rondeau final on retrouve toute la magie mélodique et la malice rythmique mozartiennes.

Symphonie n°35 en ré majeur KV 385, dite Haffner.
Elle fut composée au cours de l’été 1782, à Vienne, et doit son surnom à Siegmund Haffner, membre d’une famille de dignitaires salzbourgeois, qui avait commandé une sérénade pour célébrer son anoblissement. La commande qui lui avait été transmise par Léopold, son père, avait quelque peu irrité le jeune homme tout occupé qu’il était alors par ses débuts dans la capitale de l’Empire. Cette symphonie est contemporaine en effet de son mariage avec Constance et de la création de son opéra L’Enlèvement au Sérail.
L’œuvre amorcée sur des esquisses de l’époque salzbourgeoise fut retouchée jusqu’en 1783 par un homme et musicien qui prenait son envol. A l’aller comme au retour du voyage en France qu’il avait fait avec sa mère, entre 1777 et 1778, Mozart avait séjourné à Mannheim et fréquenté le fameux Christian Cannabich, violoniste et « maître de concert » de cette ville.
L’effectif instrumental de sa symphonie s’est donc enrichi depuis les années des concertos pour violon. Aux cinq pupitres de cordes, s’ajoutent deux flûtes, deux hautbois, deux clarinettes, deux bassons, deux cors, deux trompettes et des timbales.
Quand bien même elle présente les quatre mouvements propres à cette forme neuve encore qu’est la symphonie : allegro con spirito, andante, menuetto et trio, finale presto, l’ouvrage a gardé de son origine une découpe de sérénade par l’alternance d’épisodes rythmiquement contrastés.
L’énoncé décidé, violent même, du thème qui ouvre premier mouvement rappelle peut-être le « stress », qu’éprouvait Mozart devant ce travail supplémentaire imposé, une fois encore, pour une notabilité salzbourgeoise ! Dans une lettre à son père datée du 20 juillet 1782, Wolfgang Amadeus se plaint ainsi : « Je dois composer aussi une nouvelle symphonie. — Comment cela sera-t-il possible ? ». C’est tout l’orchestre qui sonne l’attaque, les harmonies sont rudes et le rythme incisif. L’andante qui suit, lui, renoue avec la sérénité d’une douce mélodie confiée aux premiers violons et irisée par les bois. Éclat, vigueur et impatience reviennent dans le finale (qui rappelle un air d’Osmin de L’Enlèvement au Sérail) à la vivacité irrépressible, laissant percer, un très court instant, un souffle de mélancolie.

Elizabeth Giuliani

Né en 1976 au sein d’une famille de musiciens, Éric Lacrouts commence l’étude du piano et du violon dès l’âge de six ans. Après avoir obtenu les plus hautes récompenses de violon (classe de Jacques Ghestem) et de musique de chambre (classes de Régis Pasquier et Itamar Golan) au C.N.S.M. de Paris, il intègre son très sélectif cycle de perfectionnement. A l’issue de ses études en France, il aiguise son jeu auprès de grands maîtres tels qu’Igor Oistrakh, Yair Kless, Hermann Krebbers, Philippe Hirshorn et Joseph Silverstein. Violon solo de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris depuis 2003 et du Paris Mozart Orchestra, il aborde le répertoire lyrique et symphonique sous la baguette des plus grands chefs (Solti, Osawa, Gergiev, Boulez, Salonen, Bychkov, Prêtre…) et collabore avec de nombreux compositeurs pour leurs créations. Premier violon du quatuor Psophos, il se produit dans de nombreux festivals européens entouré d’artistes tels que Salvatore Accardo, Bruno Giurana, Antonio Meneses, Régis et Bruno Pasquier, Denis Pascal et Cédric Tiberghien. Éric Lacrouts est dédicataire et créateur d’œuvres de Lucien Guérinel, Gérard Gastinel et Emmanuel Séjourné. Au disque, son interprétation live du quatuor de Jolivet (label Saphir) et l’enregistrement consacré au répertoire contemporain original violon/marimba (label Polymnie) sont salués par la critique (Diapason, Concerto.net). Depuis l’été 2010, il est membre du World Orchestra for Peace sous la direction de Valery Gergiev. Éric Lacrouts joue un violon de Jean-Baptiste Vuillaume de 1835 et un archet de Christian Barthe de 2015.


Claire Gibault
débute sa carrière à l’Opéra National de Lyon et devient la première femme à diriger l’Orchestre de la Scala et les musiciens de la Philharmonie de Berlin. Directrice musicale de Musica per Roma de 2000 à 2002, elle est également l’assistante de Claudio Abbado à la Scala, à l’Opéra de Vienne et au Royal Opera House de Londres. En 2004, elle participe à ses côtés à la création de l’Orchestra Mozart di Bologna, et restera auprès de lui jusqu’en 2007, assurant également ses propres concerts.
Claire Gibault dirige dans de prestigieuses institutions (Royal Opera House de Londres, Opéra de Washington, Théâtre du Châtelet, Salle Pleyel, Opéra-Comique, Cité de la Musique à Paris, Opéra de Marseille, Théâtre des Célestins à Lyon, Festival d’Edinbourg, Festival de Glyndebourne etc), et est l’invitée de grands orchestres : le Hallé Orchestra, le Royal Scottish National Orchestra, l’Orchestra Sinfonica Nazionale de la RAI, l’Orchestre Philharmonique de Liège, l’Orchestre National de Bordeaux, l’Orchestre Philharmonique de l’Opéra de Nice, l’Orchestre national des Pays de la Loire, l’Orchestre de l’Opéra de Marseille, le Våsterås Sinfonietta, l’Orchestre Symphonique d’Osaka etc.
Directrice musicale de grandes institutions (Atelier Lyrique et Maîtrise de l’Opéra de Lyon, Orchestre de chambre de Chambéry, Musica per Roma…), elle y a assuré la direction de nombreuses productions, notamment Il Barbiere di Siviglia et La Cenerentola de Rossini, La Finta Giardiniera de Mozart, Roméo et Juliette de Berlioz, L’Orfeo de Monteverdi, Les Brigands d’Offenbach, L’Heure Espagnole et L’Enfant et les Sortilèges de Ravel, Il Mondo della luna de Haydn, Iphigénie en Tauride de Gluck, The Rape of Lucretia de Britten, Cosi fan tutte et Die Entführung aus dem Serail de Mozart, Pollicino de Henze, Hänsel und Gretel de Humperdinck et West Side Story de Bernstein.
C’est fort de son expérience auprès du Maestro Claudio Abbado et de son Orchestre Mozart que Claire Gibault crée le Paris Mozart Orchestra en 2011, avec lequel elle donne actuellement une trentaine de concerts par an (Théâtre du Châtelet, Philharmonie de Paris, Arsenal de Metz etc.)
Très attachée à la création, elle collabore régulièrement avec des compositeurs contemporains tels que Graciane Finzi, Wolfgang Rihm, Silvia Colasanti, Fabio Vacchi, Edith Canat de Chizy, Philippe Hersant etc.
En 2014, elle a dirigé la création mondiale de l’opéra Colomba de Jean-Claude Petit à l’Opéra de Marseille et a été invitée par l’Orchestre Verdi de Milan à diriger la Symphonie no 10 de Gustav Mahler ainsi que la création mondiale Veronica Franco de Fabio Vacchi à l’Auditorium Fondazione Cariplo. En 2015/2016 elle a notamment été réinvitée à diriger l’Orchestre Verdi dans le cadre de l’Exposition Universelle Milan 2015, et s’est produite à la tête de l’Orchestra della Toscana pour une série de concerts Mozart. Récemment, elle a dirigé la création Staël, peindre l’inaccessible d’Edith Canat de Chizy à la Philharmonie de Paris.
Claire Gibault a été députée européenne de 2004 à 2009, siégeant à la Commission de la culture et de l’éducation et à la Commission du droit des femmes et de l’égalité des genres. Depuis 2010, elle est membre de la Section Culture, Education et Communication du Conseil Economique Social et Environnemental.
En 2010 elle a publié La Musique à mains nues aux Éditions L’Iconoclaste.

Le Paris Mozart Orchestra est une formation de 11 à 45 musiciens non permanents, créée en 2011 à l’initiative de Claire Gibault.
L’une des forces du PMO réside dans sa démarche citoyenne : aller à la rencontre de nouveaux publics, partager sa passion pour le répertoire classique, préromantique et la création contemporaine avec le plus grand nombre, et en particulier avec ceux qui, pour des raisons diverses, en sont éloignés. Tels sont les ambitions essentielles et le désir profond de toute l’équipe du Paris Mozart Orchestra.
Un partenariat enthousiaste lie l’orchestre aux Rectorats de Créteil et de Versailles, qui lui permet d’aller jouer in situ dans des collèges et des lycées du Réseau d’Education Prioritaire et d’y mener un travail d’éducation artistique s’inscrivant dans la durée. Le PMO intervient également à la prison de Fresnes et à l’Hôpital Necker-Enfants malades, et développe régulièrement des partenariats avec des associations à vocation sociale et humanitaire.
Le Paris Mozart Orchestra collabore fréquemment avec des artistes tels que les sopranos Natalie Dessay et Julie Fuchs, la mezzo Karine Deshayes, ou les pianistes Anne Queffélec et Jean-Claude Pennetier. Fervent défenseur de la musique contemporaine, le PMO passe annuellement commande d’un « mélologue » pluridisciplinaire à des compositeurs tels que Fabio Vacchi, Silvia Colasanti, Graciane Finzi, Edith Canat de Chizy ou Philippe Hersant.
Mettre en valeur les jeunes et excellents solistes de l’orchestre – dont les membres du Quatuor Psophos – est aussi la raison d’être du PMO qui se produit régulièrement dans des institutions culturelles prestigieuses : Salle Pleyel, Théâtre des Champs-Elysées, Théâtre du Châtelet, Philharmonie de Paris, Théâtre des Célestins à Lyon, Opéra de Marseille, Arsenal de Metz ou Teatro Lauro Rossi de Macerata.
Être musicien au Paris Mozart Orchestra ce n’est pas seulement participer à une aventure musicale, c’est aussi partager des valeurs humaines fortes. Ainsi, afin de garantir une meilleure cohésion et la parité femme/homme aux postes de solistes, chaque musicien a signé une charte déontologique de valeurs, inspirée de la Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne.
Le PMO a consacré son premier enregistrement à la création du mélologue Soudain dans la forêt profonde de Fabio Vacchi, sur un texte d’Amos Oz. Cette saison, le PMO a enregistré un CD avec Natalie Dessay, Pictures of America, paru en décembre 2016 chez Sony Classical.
Il bénéficie du soutien de son mécène principal la Fondation Daniel et Nina Carasso, ainsi que de l’aide des Fondations Hippocrène, Aéroports de Paris et HSBC pour l’Education, de Vivendi Create Joy, de la SACEM et de La France s’engage.

Production Paris Mozart Orchestra.
Avec le soutien de la Fondation Daniel et Nina Carasso.