• Saison 2017-2018
Salle Jean Vilar
1h20
Dès 12 ans

Adaptation et mise en espace Guy-Pierre Couleau

Il n’est pas ici question de reconstitution historique, ni d’un état des lieux de ce que fut la Résistance. Il est ici question de l’esprit qui anima des êtres simples qui, par leur courage, le sentiment de fraternité qui les unissait, le refus de l’aliénation, le désir d’agir en liberté et la volonté de léguer un futur positif, choisirent le maquis plutôt que l’asservissement.

Reprenant des textes de Jean Cassou, René Char, Marianne Cohn, Annie Kriegel, Jean Moulin, Missak Manouchian… et dans une mise en espace de Guy-Pierre Couleau, les acteurs perpétuent le souffle et la générosité de ces femmes et hommes qui se révoltèrent contre les ténèbres. Depuis Antigone, nous savons que l’esprit de résistance parle la langue du théâtre. Alors, si le théâtre est le lieu de la représentation de la vie, c’est aussi le lieu de la parole, pour garder vivante la mémoire, véritable vecteur de justice.

Dans nos ténèbres, il n’y a pas une place pour la Beauté. Toute la place est pour la Beauté.
René Char, Feuillets d’Hypnos, 1943-1944

 

Ce spectacle est intégré à une journée spéciale organisée à Suresnes « Résistance et avant-garde », qui comprend une visite du Mont-Valérien, une visite de l’exposition temporaire au Musée d’histoire urbaine et sociale et du spectacle Résister.
Pour plus d’informations, consultez la page « Résistance et avant-garde »

Avec Anne Le GuernecNils Öhlund, Antoine Régent

« Pour qui œuvrent les martyrs ?
La grandeur réside dans le départ qui oblige.
Les êtres exemplaires sont de vapeur et de vent. »
René Char

Ceci est un spectacle d’impressions. Impressions de la Résistance.
Il ne s’agit pas pour moi de rendre compte d’une réalité historique de la Résistance en France, de 1939 à 1945, pendant l’occupation nazie sur le sol de notre pays et je ne veux pas composer un panorama ou un état des lieux de ce que fut la Résistance, ni faire de reconstitution historique, car elle serait fausse.
Il est question ici de ce sentiment, de cet esprit de Résistance.
Le courage, la fraternité, le refus de l’aliénation, le désir de penser et d’agir en liberté, la volonté de léguer un futur positif, l’amour de la paix, le respect de l’autre, des droits de l’homme, l’horreur du totalitarisme, du fascisme, de la destruction de l’homme par l’homme… toutes motivations, secrètes ou exprimées, qui poussaient des hommes et des femmes, (parfois presque des enfants), à se révolter contre l’injustice, la violence et la barbarie.

« La véritable justice, ce n’est pas la vengeance, c’est la mémoire. »*

Il semble impossible aujourd’hui de traverser cette épopée de façon réaliste et il serait vain de vouloir incarner ces personnes sur une scène de théâtre. Pourtant, le théâtre est encore le seul lieu où il soit possible de rendre vivante la mémoire de ceux qui ont refusé l’asservissement, parce que le théâtre est non seulement le lieu de la représentation de la vie, mais il est aussi le lieu de la parole, et la parole est l’instrument de la liberté.
Depuis Antigone, nous savons bien que l’esprit de résistance parle la langue du théâtre.
Il n’est possible de rendre aujourd’hui visibles aux yeux d’un public, que des impressions, des fragments de ces millions d’actes quotidiens, glorieux ou anonymes.

Il y a ces mots d’autrefois qui ont fait notre liberté de parole et de mouvements d’aujourd’hui : courage, héroïsme, honneur, espoir.
Où sont-ils inscrits à présent, ailleurs que sur quelques monuments aux morts et dans les esprits d’une poignée de survivants ?
Où partiront-ils lorsque aucun des acteurs de ce passé ne sera plus en vie ?
Par nos mémoires nous pouvons perpétuer le souffle et la générosité de ces femmes et ces hommes.

Guy Pierre Couleau – septembre 2017

* Robert Badinter

D’après des textes de  Jean Cassou, René Char, Marianne Cohn, Bernard Courtault, Raymond Kojitsky, Annie Kriegel, Lise Lesèvre, Jean Moulin, Missak Manouchian, France Péjot, …

 

Je trahirai demain, pas aujourd’hui.
Aujourd’hui, arrachez-moi les ongles
Je ne trahirai pas !
Vous ne savez pas le bout de mon courage,
Moi, je sais.
Vous êtes cinq mains dures avec des bagues,
Vous avez aux pieds des chaussures avec des clous.
Je trahirai demain. Pas aujourd’hui ;
Demain.
Il me faut la nuit pour me résoudre.
Il ne faut pas moins d’une nuit
Pour renier, pour abjurer, pour trahir,
Pour renier ses amis,
Pour abjurer le pain et le vin,
Pour trahir la vie,
Pour mourir.
Je trahirai demain. Pas aujourd’hui.
La lime est sous le carreau,
La lime n’est pas pour le bourreau,
La lime n’est pas pour le barreau,
La lime est pour mon poignet.
Aujourd’hui, je n’ai rien à dire.
Je trahirai demain.
Marianne Cohn

Metteur en scène, Guy Pierre Couleau est nommé en juillet 2008 à la direction de la Comédie de l’Est – Centre dramatique régional d’Alsace, à Colmar qui devient en 2012 un Centre dramatique national.
Il débute au théâtre comme acteur en 1986, dans des mises en scène de Stéphanie Loïk, Agathe Alexis ou Daniel Mesguich.
Il réalise sa première mise en scène au Théâtre de L’Atalante en 1994 : Le Fusil de Chasse de Y.Inoué, puis continue de jouer et de mettre en scène alternativement jusqu’en 1998, date à laquelle il décide de se consacrer uniquement à la mise en scène : Vers les Cieux de Horvath, 1995 – Netty d’après Anna Seghers, 1998 – Déjeuner chez Wittgenstein de Thomas Bernhard, 1998. Il est metteur en scène invité du Théâtre national de Lettonie, à Riga, entre 1998 et 2007. Il intervient à l’Université de Houston en 2004 pour une masterclass.
En 1999, il met en scène Le Baladin du Monde Occidental de John M. Synge, spectacle qui sera joué plus de trois saisons et notamment au Théâtre 13. Puis il fonde, en 2000, sa compagnie « Des Lumières et Des Ombres », qui devient associée au Moulin du Roc – Scène nationale de Niort puis à La Passerelle de Gap et au Théâtre d’Angoulême. En 2001, Le Sel de La Terre, diptyque de Sue Glover et Frank McGuinness, est programmé au « Festival IN » d’Avignon.
Puis viendront les spectacles : Rêves de W. Mouawad à Niort puis Antony en 2005 ; L’Epreuve de Marivaux (Gap, 2005), Marilyn en chantée de Sue Glover (Angoulême, 2008), Les Justes d’Albert Camus (Gap et Athénée Théâtre Louis Jouvet en 2007), Les Mains sales de Jean-Paul Sartre (Gap et Athénée Théâtre Louis Jouvet en 2009). Depuis son arrivée à la Comédie de l’Est, il met en scène La Fontaine aux saints et Les Noces du Rétameur de J.M. Synge (2010), Hiver de Zinnie Harris (2011), Le Pont de pierres et la peau d’images de Daniel Danis et Bluff d’Enzo Cormann. En 2012, Maître Puntila et son valet Matti qui rencontre un grand succès, puis Cabaret Brecht au printemps 2013. Il créé Guitou de Fabrice Melquiot en octobre 2013, puis Désir sous les ormes d’Eugène O’Neill en mars 2014. Il met en scène Les Faux Monnayeurs, d’après André Gide à l’opéra de Montepulciano en juillet 2014. En novembre 2014, il créé Don Juan revient de la guerre d’Odon Von Horvath qui connaît un grand succès public et professionnel au Festival d’Avignon 2015. En janvier 2016, il créée Amphitryon de Molière qui part en tournée nationale dès le mois de mars. En juillet 2016, il créera Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare au Théâtre du Peuple de Bussang.

Production Théâtre de Suresnes Jean Vilar.
Avec le soutien de la Comédie de l’Est – CDN Alsace / Colmar. Création de la Compagnie des lumières et des ombres (2001).