• Saison 2019-2020
Salle Jean Vilar
2h
Dès 12 ans

De Carlo Goldoni
Mise en scène Clément Hervieu-Léger de la Comédie-Française

Demain, la fête sera belle… et bien finie ! Une dernière soirée s’impose, mais pas n’importe laquelle. Celle qui marquera la fin du Carnaval, de son faste et de ses excès.

C’est avant de quitter Venise — en grand incompris du public vénitien — pour rejoindre le Théâtre des Italiens à Paris que Carlo Goldoni écrit Une des dernières soirées de Carnaval. Derrière un titre au doux parfum d’exil, une comédie joyeuse et subtile sur les rapports humains, durant laquelle on parle de départ, de commerce et d’amour, sans jamais perdre le sens de la noce !
Sur scène, on danse, on joue, on chante. La musique retentit, les costumes virevoltent et les verres se remplissent. Peu à peu, les langues se délient, les arguments s’entrecroisent, fissurant l’apparente homogénéité d’un groupe qui tente tant bien que mal d’inventer un nouveau « vivre ensemble ».
Considérée comme l’une des pièces les plus modernes de Carlo Goldoni, Une des dernières soirées de Carnaval est aussi la plus audacieuse.
Interprétée en costumes d’époque au rythme entraînant d’un répertoire de musiques populaires, elle apparaît ici comme un magnifique adieu du dramaturge au public italien de la fin du XVIIIe siècle, que Clément Hervieu-Léger nous invite à découvrir avec la fougue et l’enthousiasme des premières fois.

 

Création le 27 septembre 2019 au Théâtre de Carouge / Suisse

 

Avec Aymeline Alix Alba, Erwin Aros Cosmo, Louis Berthélémy Anzoletto, Clémence Boué Marta, Jean-Noël Brouté Lazaro, Adeline Chagneau Polonia, Marie Druc Madame Gatteau, Charlotte Dumartheray Elenetta, M’hamed El Menjra Baldissera, Stéphane Facco Momolo, Juliette Léger Domenica, Jeremy Lewin Agustin, Clémence Prioux Tognina, Guillaume Ravoire Bastian et Daniel San Pedro Zamaria

Décor Aurélie Maestre
Costumes Caroline de Vivaise
Lumières Bertrand Couderc
Chorégraphies Bruno Bouché
Maquillages et coiffures David Carvalho Nunes
Réalisation sonore Jean-Luc Ristord
Conseil musical Erwin Aros
Collaboratrice artistique à la mise en scène Elsa Hamnane
Texte français de Myriam Tanant et Jean-Claude Penchenat (Actes Sud-Papiers)

 

Musiques

La Barcheta, de Reynaldo Hahn (une des 6 mélodies des Venezia, recueil composé en 1901) 
La tarentelle del Gargano, tarentelle lente traditionnelle probablement du XVIIème siècle
La Fiera di Mastr’Andre, tarentelle dansante populaire (on ne connaît précisément sa date de composition, probablement XVIIIème siècle – son 1er enregistrement date du début du XXème)
C’est une chanson interprétée par tous les comédiens à la fin du spectacle.

Venise 1762. La rivalité entre Carlo Goldoni et le Comte Gozzi pour régner sur la scène théâtrale vénitienne prend des allures de guerre d’usure. Et Goldoni, qui fût l’enfant chéri de la Sérénissime se voit contraint de quitter la ville, cette ville qu’il a tant aimée et qui fut toujours sa principale source d’inspiration. Il accepte le contrat de deux ans que lui offre la Comédie des italiens de Paris. Là-bas, dans la patrie de Molière, peut-être sera-t-il mieux compris. Il faut donc partir. Mais il lui faut d’abord prendre congé de son public. Ainsi Goldoni écrit-il Une des dernières soirées de carnaval, dernière pièce composée et présentée à Venise avant de rejoindre la France. Une pièce en guise d’adieu. Une pièce que son auteur présente, dans un avertissement au lecteur, comme une allégorie du théâtre car il s’agit bien d’une dernière, au sens théâtral du terme.

La scène se passe chez Zamaria, tisserand à Venise, le dernier soir du carnaval qui marque la fin de la saison théâtrale. Les invités arrivent les uns après et les autres et se rassemblent autour d’une table à jeu. Parmi eux, le jeune dessinateur Anzoletto qui doit prochainement quitter Venise pour Moscou où il est invité par des artisans italiens.

Rien de spectaculaire donc… Une simple soirée entre amis au cours de laquelle il est question d’un départ. Et puis question d’amour aussi. On joue aux cartes, on dîne, on danse. Faut-il partir ? Faut-il rester ? On parle de Moscou. Et soudain le théâtre de Goldoni semble annoncer celui de Tchekhov. Une des dernières soirées de carnaval n’est pas une des pièces les plus connues de Goldoni. Elle me semble pourtant l’une des plus audacieuses. D’aucuns diraient l’une des plus modernes. Avec l’acuité sociologique qu’on lui connaît, Goldoni pousse jusqu’au bout son désir de rupture avec les archétypes comiques hérités de la Commedia dell’arte. Il n’est plus question ici de masques. « Mes caractères sont vrais, simples et agréables, indépendamment du fond de la comédie » écrit-il en préambule de sa pièce. Goldoni rejoint ici les préoccupations dramaturgiques de celui qu’il considérait comme son maître, Molière. C’est la recherche du « naturel », théorisée par Molière dans L’Impromptu de Versailles, qui désormais l’emporte. Et il n’est pas étonnant que l’auteur de la Locandiera ait alors pensé trouver un public qui lui serait plus acquis à Paris qu’à Venise.

C’est justement Molière qui m’a conduit à Goldoni. Après Monsieur de Pourceaugnac, j’avais envie en effet de continuer à mettre en scène un groupe, de continuer à interroger les rapports complexes qui régissent toute microsociété. Le théâtre de Goldoni est un théâtre de troupe. Il n’y a pas ici de premiers ou de seconds rôles. Il n’y a que des individus qui tâchent de vivre ensemble. Vivre ensemble : c’est cette histoire passionnante qu’il convient de raconter, rappelant ce faisant à quel point le XVIIIème siècle continue cruellement à nous parler de nous. Je souhaite d’ailleurs monter la pièce en costumes d’époque et travailler sur le répertoire de musiques populaires de cette période, tout en m’attachant à une constante recherche d’un jeu théâtral au plus près des acteurs.

Cette dernière soirée de Carnaval est pour chacun l’occasion de se retrouver face à lui-même comme face aux autres, d’avouer des sentiments qu’il n’osait dire, de se pâmer, de s’agacer, de rire aussi, et puis de chanter et de danser, car il n’est point de carnaval sans musique.
« Allez, la compagnie est réunie ! ».

 – Clément Hervieu-Léger

Clément Hervieu-Léger, mise en scène

Sociétaire de la Comédie-Française depuis le 1er janvier 2018, il y joue sous la direction de Marcel Bozonnet (Le Tartuffe, Valère), Anne Delbée (Tête d’Or, Cébès), Andrzej Seweryn (La Nuit des Rois, Sébastien), Lukas Hemleb (La Visite Inopportune, le Journaliste, Le Misanthrope, Acaste), Claude Mathieu (L’enfer), Eric Génovèse (Le Privilège des Chemins), Robert Wilson (Fables), Véronique Vella (Cabaret érotique), Denis Podalydès (Fantasio, Spark), Pierre Pradinas (Le Mariage forcé, Alcidas), Loïc Corbery (Hommage à Molière), Marc Paquien (Les Affaires sont les Affaires, Xavier), Muriel Mayette (La Dispute, Azor, Andromaque, Oreste), Jean-Pierre Vincent (Ubu, Bougrelas, Dom Juan, Don Carlos), Anne-Laure Liégeois (La Place Royale, Doraste), Lilo Baur (Le Mariage, Kapilotadov, La Tête des Autres, Lambourde)… Il a créé, dans le cadre des cartes blanches du Studio- Théâtre, un solo intitulé Une heure avant… (texte de Vincent Delecroix).

En dehors de la Comédie-Française, il travaille aux côtés de Daniel Mesguich (Antoine et Cléopâtre, Eros), Nita Klein (Andromaque, Oreste), Anne Delbée (Hernani, rôle-titre), Jean-Pierre Hané (Britannicus, Néron), Bruno Bouché (Ce sont des choses qui arrivent), Patrice Chéreau (Rêve d’Automne, Gaute) et tourne avec Catherine Corsini (La Répétition), Patrice Chéreau (Gabrielle), et Guillaume Nicloux (La Reine des connes).

Parallèlement à son travail de comédien, il est le collaborateur de Patrice Chéreau pour ses mises en scène de Così Fan Tutte de Mozart (Festival d’Aix-en-Provence, Opéra de Paris) et de Tristan et Isolde de Wagner (Scala de Milan). Il signe la dramaturgie de Platée de Rameau pour la mise en scène de Mariame Clément (Opéra du Rhin). Il a codirigé avec Georges Banu un ouvrage consacré à Patrice Chéreau, J’y arriverai un jour (Actes Sud, 2009). Il a publié plusieurs articles consacrés à Racine, Haendel ou Wagner. Il est également professeur de théâtre à l’École de Danse de l’Opéra National de Paris.

En 2011, il met en scène La Critique de l’École des femmes au Studio-théâtre de la Comédie-Française. La saison suivante, il monte La Didone de Cavalli que dirige William Christie au Théâtre de Caen, au Grand Théâtre du Luxembourg et au Théâtre des Champs-Élysées, signe la dramaturgie de La Source (chorégraphie de Jean-Guillaume Bart) pour le ballet de l’Opéra National de Paris, et met en scène L’Épreuve de Marivaux.

En 2013, il dirige une lecture d’Iphigénie de Goethe à l’Auditorium du Musée du Louvre et collabore à la mise en scène de Yerma de Daniel San Pedro. En 2014, il met en scène Le Misanthrope de Molière à la Comédie-Française. En 2015, il joue dans Les Cahiers de Nijinski mis en scène par Daniel San Pedro et Brigitte Lefèvre. En 2016, il met en scène Monsieur de Pourceaugnac, comédie-ballet de Molière et Lully avec William Christie (Les Arts Florissants) ainsi que Mitridate de Mozart, sous la direction d’Emmanuel Haïm, au Théâtre des Champs Elysées.

Il interprète le rôle du Fiancé dans Noces de Sang de Federico Garcia Lorca, mise en scène de Daniel San Pedro. Il joue également dans Les Damnés, adaptation du film de Visconti mise en scène par Ivo van Hove qui est créée dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes pour le Festival d’Avignon 2016.
Depuis 2010, il codirige avec Daniel San Pedro la Compagnie des Petits Champs.

Production CICT – Théâtre des Bouffes du Nord

Coproduction Théâtre de Carouge / Suisse ; Compagnie des Petits Champs ; Théâtre de Caen ; La Coursive – Scène Nationale de La Rochelle ; Scène Nationale d’Albi ; Espace Jean Legendre – Théâtre de Compiègne ; Scène Nationale du Sud-Aquitain ; Théâtre de Suresnes – Jean Vilar; Cercle des Partenaires des Bouffes du Nord.

La Compagnie des Petits Champs est conventionnée par la DRAC Normandie – Ministère de la Culture et de la Communication et reçoit le soutien du Département de l’Eure et de la Région Normandie.

Avec le soutien de la Spedidam
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National