• Saison 2019-2020
Salle Aéroplane
1h20
Dès 15 ans

D’après Simone Weil
Adaptation Jean-Baptiste Sastre et Hiam Abbass
Mise en scène Jean-Baptiste Sastre

Reporté au vendredi 2 et samedi 3 octobre 2020.
Pour demander le report, un avoir ou un remboursement : 01 46 97 98 10 – reservation@theatre-suresnes.fr
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« Quand on a vraiment rêvé une chose, il faut finalement la faire : c’est ma morale à moi » disait avec passion Simone Weil. Une maxime que suit ici à la lettre Jean-Baptiste Sastre avec ce spectacle choral, hommage à cette grande figure de la pensée française du XXe siècle, dans laquelle elle occupa une place à part.

Qui était vraiment Simone Weil ? Brillante philosophe et militante, à une époque où les femmes étaient les grandes exclues des cercles politiques, elle n’hésita pas à quitter sa carrière de professeure pour aller travailler à l’usine Alsthom, établissant là un « contact avec le malheur » qui selon ses propres mots « tua » sa jeunesse. Elle multipliera ensuite voyages et écrits, avant de mourir prématurément à l’âge de 34 ans.
Accompagnée d’un chœur de femmes et d’hommes issus d’associations du territoire, Hiam Abbass dresse le portrait lumineux d’une femme hors norme, dont le combat contre l’esclavage dans le monde du travail est encore loin d’être terminé.

 

PODCAST

Simone Weil, philosophe sur tous les fronts : Une intellectuelle à l’usine

Avec Hiam Abbass

Lumières Dominique Borrini

1905: Mariage de Bernard Weil et de Salomea Reinherz.
1906 : Naissance d’André Weil. Il deviendra l’un des grands mathématiciens du XXe siècle et l’un des fondateurs du groupe Bourbaki.
1909, 3 février : naissance de Simone Weil, 19 Boulevard de Strasbourg à Paris.
1914-18 : Le docteur Bernard Weil est mobilisé comme médecin lieutenant au front, puis à Neuchâteau et à Mayenne. Envoyé en Algérie, il est rapatrié en décembre. 1916, installation de la famille Weil à Chartres, puis à Laval.
1919 : Retour de la famille à Paris. Simone Weil entre au lycée Fénelon.
1924-25 : Année de philosophie au lycée Victor-Duruy, où elle reçoit l’enseignement de René Le Senne.
1925-26 : Simone Weil rentre en première supérieure au lycée Henri-IV. Alain est son professeur pendant trois ans. Amitié avec Simone Pétrement. Passe deux certificats de licence à la Sorbonne.
1927 : Succès à deux nouveaux certificats de philosophie.
1928 : Simone Weil est reçue à l’École normale supérieure. Elle continue à suivre certains cours d’Alain.
1929 : S’inscrit à la Ligue des droits de l’homme. Installation définitive de la famille rue Auguste- Comte. Donne deux articles aux Libres Propos.
1930 : Apparition de violents maux de tête, dont elle a souffert toute sa vie. Soutient son Diplôme d’études supérieures.
1931 : Simone Weil est reçue, en juillet, à l’agrégation de philosophie. Elle est nommée professeur au lycée du Puy. Contacts avec les syndicalistes révolutionnaires (Pierre Monatte, Daniel Guérin, Maurice Chambelland). Amitié avec Albertine et Urbain Thévenon. Elle adhère au Syndicat national des instituteurs (CGT).
1932 : Nombreux articles dans La Révolution prolétarienne, l’Effort, l’École émancipée. En août, voyage dans l’Allemagne pré-nazie. Est nommée professeur au lycée d’Auxerre ; publication d’une série d’articles sur l’Allemagne. Amitiés avec Boris Souvarine qu’elle a rencontré à la fin de l’année.
1933 : Publie l’article « Perspectives » dans La Révolution prolétarienne. Collabore à La Critique sociale. Commence la rédaction de ses Cahiers. Est nommée professeur à Roanne. Simone Weil est inscrite à la fois à la CGT et à la CGTU. Elle reçoit Trotski, rue Auguste-Comte.
1934 : Demande un congé pour suivre des « études personnelles ». Simone Weil rédige ses « Réflexions sur les causes de la liberté et de l’oppression sociale ». Le 4 décembre, elle entre comme ouvrière chez Alsthom (voir la chronologie de la période de travail en usine, infra).

[COLUMN]

1935: Poursuite de l’expérience ouvrière jusqu’au 9 août. Passe ses vacances en Espagne et au Portugal. Simone Weil découvre que le christianisme est la religion des esclaves. Elle est nommée professeur à Bourges.
1936 : Lettres à Victor Bernard, directeur technique d’usine, et à Auguste Detoeuf, fondateur et administrateur de la société Alsthom. Courte participation à la guerre civile d’Espagne, où elle rejoint la colonne anarchiste organisée par Durruti. Enquête dans les usines du Nord.
1937 : Simone Weil travaille avec René Belin, l’un des secrétaires la CGT. Voyage en Italie. À Assise, se sent forcée de s’agenouiller dans la petite chapelle où saint François à réuni ses premiers compagnons. En octobre, est nommée professeur au lycée de Saint-Quentin.
1938 : Congé de maladie. Pendant la semaine sainte à Solesmes, découvre les poètes métaphysiciens anglais, en particulier George Herbert. Expérience mystique au cours de la récitation du poème Love.
1939 : Simone Weil renonce à son pacifisme. Rédactions des « Réflexions en vue d’un bilan ». Elle reste radicalement anticolonialiste. Rédigé « Quelques réflexions sur l’hitlérisme » et « L’Iliade ou le poème de la force ».
1940 : Lecture des textes sacrés hindous. Les Weil quittent Paris. Le 13 juin, ils arrivent à Marseille en septembre. Contacts avec Les Cahiers du Sud.
1941 : Simone Weil rencontre le père Perrin, un dominicain à qui elle demande de l’aider à réaliser son projet de devenir ouvrière agricole. Elle est reçue chez Gustave Thibon, à Saint-Marcel- d’Ardèche, en août. Participation aux Cahiers du Sud. Rédaction continue des Cahiers à partir de cette date. Participe à la Résistance en diffusant les Cahiers du Témoignage chrétien.
HIVER 1941-1942 : Écrit de nombreux essais et articles, ainsi que des textes qui seront publiés dans Attente de Dieu et Pensées sans ordre concernant l’amour de Dieu. Elle rédige « L’avenir de la science » et « Réflexions à propos de la théorie des quanta ».
1942 : Elle écrit au père Perrin une lettre sur le baptême. Début d’une enquête sur le contenu précis de la foi chrétienne. Simone Weil rencontre le poète Joë Bousquet. Le 14 mai, départ pour les États-Unis. Arrivée à New York, rencontre de Maritain, lettre sur la foi au père Couturier (Lettre à un religieux). Elle multiplie les démarches pour aller à Londres. Le 10 novembre1942, départ pour l’Angleterre. Le 14 décembre, Simone Weil est affectée à la Direction de l’Intérieur de la « France Libre », comme rédactrice.
Elle rédige des textes qui seront publiés dans Écrits de Londres et commence la rédaction de L’Enracinement.
1943 : 15 avril, syncope dans la nuit. Séjour à l’hôpital de Middlesex. Le 26 juillet, elle donne sa démission de la France combattante. Refus de se nourrir et de se soigner.
Le 17 août, installation au sanatorium d’Ashford (comté de Kent).
Le 24 août, Simone Weil meurt pendant son sommeil.
Le 30 août, enterrement au New Cemetery d’Ashford.

Jean-Baptiste Sastre a étudié au Conservatoire national supérieur d’Art dramatique de Paris. Il part entre temps un an en Inde pour œuvrer auprès de différentes associations humanitaires à Calcutta, Bénarès, New Delhi et Bombay. Après sa dernière année de conservatoire, Jean-Baptiste Sastre signe en 1995 sa première mise en scène, Histoire vécue du roi Toto, d’après l’oeuvre d’Antonin Artaud avec Eric Caravaca (Théâtre de la Bastille, Paris, 1995). Durant 10 ans , il met en scène au Théâtre National de Chaillot des textes de Genet, Duras, Marlowe, Büchner, Marivaux, Labiche ou Coleridge. Il travaille avec des actrices et des acteurs tels que Nathalie Richard, Hiam Abbass, Christine Murillo, Philippe Clevenot, Jean-Marie Patte, Marcial Di Fonzo Bo, Jerzy Radziwilowicz, Hervé Pierre, Vincent Dissez, Denis Podalydès et Sylvester Groth. De plus, il collabore avec des plasticiens tels que Sarkis et Boltanski.

En 2005, il est lauréat de la Villa Médicis hors les murs à Londres.

Il met en scène La tragédie du roi Richard II de Shakespeare dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes (Festival d’Avignon 2010) suivi d’une tournée en France et en Belgique, Sceaux, Bruges.

Par la suite, il met en scène Phèdre les oiseaux de Frédéric Boyer avec Hiam Abbass et une vingtaine de communautés Emmaüs en France ainsi qu’à l’étranger avec des enfants des rues et des sans-abris. Ce projet significatif de quatre ans, dans le cadre de Marseille-Provence 2013, Capitale Européenne de la Culture, a notamment été présenté en tournée à la communauté Emmaüs de Marseille et au Bois de l’Aune à Aix-en-Provence, au Balhaus-host avec le Straßenchor de Berlin, choeur des sans-abris de la ville ; à Los Angeles avec la Communauté de Venice Beach, choeur des enfants des rues de Los Angeles ; à New York avec Haitian-Americans In Action (HAIA) ; en Italie avec les Compagnons d’Emmaüs d’Erba ; en Palestine avec les enfants du camp de réfugiés de Balatah à Naplouse ; et en Israël avec les enfants des villages de Galilée, Centre des Sourds et Muets.
En France, le spectacle a également été présenté à Châteauvallon, scène nationale, l’Institut du Monde Arabe, au Lieu Unique à Nantes, au Centre dramatique national de Lorient ainsi qu’au Théâtre Garonne à Toulouse.

Son parcours en tant qu’acteur lui a permis d’interpréter différents rôles tels que Ernesto dans La pluie d’été de Marguerite Duras mise en scène d’Eric Vigner, Hippolyte dans Phèdre les oiseaux de Frédéric Boyer, Le Mari dans Les mamelles de Tirésias de Guillaume Apollinaire, mise en scène d’Ellen Hammer et Jean-Baptiste Sastre et Pridamant dans L’illusion comique de Corneille, mise en scène d’Eric Vigner.

En 2017, il crée avec Hiam Abbass le spectacle La France contre le robots de Georges Bernanos, produit par le Liberté, scène nationale de Toulon, un seul en scène qu’il présente au OFF d’Avignon 2018, puis en tournée en France et dans plusieurs villes au Brésil et au Théâtre National Palestinien de Jérusalem-Est. La tournée se poursuit actuellement dans le réseau des théâtres en France et à l’étranger. Le spectacle est également présenté dans les territoires ruraux du Var, une tournée portée par Châteauvallon, scène nationale.
Il poursuit son travail avec Hiam Abbass et Le Liberté, scène nationale de Toulon en devenant artiste associé où il prépare notamment une création autour de l’œuvre de Simone Weil qui sera présentée au OFF d’Avignon en juillet 2019, puis repris au Liberté à l’automne 2019, au Théâtre Jean-Vilar de Suresnes, ainsi qu’aux USA en partenariat avec l’université de New York City et de Harvard.

Dans la continuité de son travail, il développe sur le territoire du département du Var, dans le cadre de la politique d’actions culturelles de la scène nationale, un partenariat avec différentes associations du champs social (Jericho, Promo Soins, CAAA, l’école de la 2ème chance, apprentis d’Auteuil, les amis de l’Horebe, les services civiques, les lycées techniques et hôteliers) autour de la littérature française (Simone Weil, Arthur Rimbaud, Georges Bernanos, Charles Peguy). Jean-Baptiste Sastre poursuit parallèlement aux côtés de Hiam Abbass, son travail au sein des communautés Emmaüs.

[COLUMN]

Hiam Abbass est née à Nazareth. Ses parents étaient enseignants. Elle parle couramment l’arabe, l’hébreu, le français et l’anglais. Elle a étudié la photographie à Haïfa puis a rejoint la troupe de théâtre palestinien de El-Hakawati avec qui elle fonde et co-dirige ce qui est devenu aujourd’hui le Théâtre National Palestinien de Jérusalem Est.
Hiam Abbass a été de 1982 à 1988 la programmatrice du Théâtre El-Hakawati, un lieu équipé de deux salles de spectacles et a également mené un travail photographique sur les spectacles présentés. Lieu non subventionné, Hiam Abbass a été la responsable de la politique de fundraising du Théâtre en voyageant notamment à travers l’Europe à la recherche de fonds pour financer l’activité artistique du théâtre.
Actrice au sein de la troupe El-Hakawati et responsable des projets en lien avec la jeunesse, les universités, elle menait un travail hors les murs pour sensibiliser le public ne pouvant se rendre au théâtre en raison de la situation politique. Parmi cet projets, des pièces telles que Ali le Galiléen, L’histoire de l’oeil et de la dent, La Règle et l’Exception, Kofor Shama ont été présentées au théâtre à Jérusalem Est, ses alentours ainsi qu’en Europe : France, Grande-Bretagne, Belgique, Allemagne, Pays-Bas, Italie, Suisse, Norvège, Suède, Finlande.

En 1988, elle part s’installer à Londres, puis Paris.

Hiam Abbass a pu mener de front un travail au théâtre, au cinéma et pour la télévision, à la fois au proche et moyen Orient, aux Etats-Unis, en Angleterre et en France.
Au cinéma elle interprète de nombreux rôles dans divers films en sillonnant le monde : Satin rouge de Raja Amari. La Fiancée syrienne et Les Citronniers d’Eran Riklis, ce dernier a gagné le prix du public au festival de Berlin et notamment plusieurs prix d’interprétation, Paradise Now de Hany Abu-Assad, nommé aux Oscars, Free Zone et Désengagements d’Amos Gitaï, Munich de Steven Spielberg, Azur et Asmar de Michel Ocelot, Dialogue avec mon jardinier de Jean Becker, The Visitor de Tom McCarthy, ou elle joue face à Richard Jenkins (nommé aux Oscars), Amreeka et May in the Summer de Cherien Dabis, The Limits of Control de Jim Jarmusch, Persécution de Patrice Chéreau, Miral de Julian Schnabel, La Source des femmes de Radu Mihaileanu, Rock the Casbah de Laïla Marrakchi, Exodus : Gods and Kings de Ridley Scott, Dégradé de Arab et Tarzan Nasser, À mon âge je me cache encore pour fumer de Rayhana, Corps étranger de Raja Amari, Une famille syrienne de Philippe Van Leeuw, ce dernier a gagné plusieurs prix du public et de prix d’interprétation, Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve.
De plus on a pu la voir à la télévision dans Le Serment et The State de Peter Kosminsky, The OA pour Netflix, Succession pour HBO, Ramy pour Hulu.

Hiam Abbass a écrit et réalisé trois courts métrages : Le Pain, La Danse éternelle et Le Donne della Vucciria, ainsi qu’un long-métrage : Héritage.

Au théâtre, son parcours l’a amenée à jouer sous la direction de metteurs en scène tels que Ariane Mnouchkine dans La nuit miraculeuse d’Hélène Cixous, José Luis Gomez dans Carmen de Georges Bizet à l’Opéra de Paris et Ruud Gielens dans In the eyes of heaven de Rachid Benzine au Kaaitheater de Bruxelles.

Depuis 2012, Hiam Abbass collabore avec Jean-Baptiste Sastre. Ils développent et s’engagent quotidiennement dans un travail autour de la littérature et du théâtre. Leurs créations sont aujourd’hui menées avec les associations qui composent le tissu humain des territoires. Ainsi, leur collaboration les a amenés notamment à travailler avec les compagnes et compagnons d’Emmaüs en France ainsi qu’à l’étranger avec des enfants des rues et des sans-abris : Phèdre les oiseaux de Frédéric Boyer, mise en scène Jean-Baptiste Sastre, Les mamelles de Tirésias de Guillaume Apollinaire, mise en scène d’Ellen Hammer et Jean-Baptiste Sastre. Elle a aussi crée avec Jean-Baptiste Sastre le spectacle La France contre le robots et autres textes, de Georges Bernanos.

 

Production Le Liberté – Scène nationale.
Avec le soutien du Théâtre des Halles / Avignon.