• Saison 2021-2022
Salle Aéroplane
1h15
Dès 16 ans

D’après Julie Bonnie
Mise en scène Catherine Vrignaud Cohen
Interprétation Anne Le Guernec

Chaque jour, derrière les portes de la maternité, des femmes deviennent mères. Auxiliaire de puériculture, Béatrice, passe de chambre en chambre, écoute, rassure, apaise. Adapté du roman poignant de Julie Bonnie, Chambre 2 retrace le parcours intime d’une femme qui tente de naître à elle-même, au milieu d’un flot ininterrompu de naissances.

« La maternité est une période complexe, paradoxale, avec des sentiments contra­dictoires. Prendre le temps de l’aborder sans tabou est nécessaire. » Avec une grande douceur, Béatrice répare ces corps meurtris par la joie et la douleur. Mais entre deux portes, ses propres démons rejaillissent : un passé de dan­seuse nue, le souvenir d’un amour loin­tain, la naissance de ses propres enfants… À travers un récit pudique et délicat, la comédienne Anne Le Guernec fait entendre la parole sensible d’une femme qui décide de sortir du silence.

Scénographie et création lumière Huma Rosentalski, Chorégraphie Stéphanie Chène, Création sonore Sylvain Jacques, Assistant création lumières Grégori Carbillet

La compagnie est soutenue par le Conseil départemental des Yvelines. Coproduction Le Quai des Arts / Argentan dans le cadre des relais culturels régionaux, la ville de Saint Quentin, Eurydice-ESAT / Plaisir. Soutien CDN de Sartrouville, le Théâtre Montansier / Versailles, Espace Culturel Robert Doisneau / Meudon, Théâtre de la Reine Blanche / Paris, Théâtre de Suresnes Jean Vilar, Théâtre du Cormier / Cormeilles en Parisis. Soutien en résidence de recherche de La Grange Dîmière – Théâtre de Fresnes, la Ferme du Buisson – Scène nationale de Marne-la-Vallée, Le Théâtre du Cormier / Cormeilles en Parisis.

Chambre 2 est un roman de Julie Bonnie que j’adapte en seule en scène pour le théâtre. Le roman est un récit choral de femmes qui deviennent mères, d’une femme qui cherche sa place dans ce monde et d’un hôpital à bout de souffle. Je réunis toutes ces voix en une seule : celle de Béatrice. Elle partage son monde intérieur. C’est sa sensibilité au monde qui nous transporte dans chacune des chambres, dans son passé. Son regard singulier est notre fil rouge. Le seul.e en scène permet une prise de parole de l’intime. Cette solitude est le temps suspendu d’une mise à nu.

J’aborde justement Chambre 2 comme un road-movie intime. Béatrice se cherche, Béatrice se trompe et parfois même se trahit pour trouver sa place dans la société, dans le monde. Sa quête d’identité nous est familière, ses contradictions, ses failles, ses erreurs, ses lâchetés, ses petits mensonges nous ressemblent. Comme nous, Béatrice est une anti-Héroïne. Sur ce chemin de la liberté, elle va s’affranchir de son désir de normalité, de l’obligation de perfection, pour devenir elle-même… Comme au moment d’une naissance.

C’est ce qui fait la force de Chambre 2 : l’écho entre l’intérieur et l’extérieur, entre l’intime et la matière, entre Béatrice et le monde dans lequel elle évolue. Un service de maternité. Le service de maternité d’un hôpital. Quel meilleur décor pour raconter la quête d’une identité ?

Chambre 2 est une parole nécessaire. Celle d’une femme à l’histoire singulière, d’une mère, d’une soignante dans un service maternité. Une parole qui mêle l’intime et le social.

La maternité est une période complexe, paradoxale, avec des sentiments contradictoires. Prendre le temps de l’aborder sans tabou est nécessaire. Particulièrement parce que le système même de l’hôpital ne permet pas de prendre ce temps, essentiel, vital. L’organisation de l’hopital est telle que l’humain n’est plus assez pris en compte tant du côté des patients que des soignants. Cette souffrance, Béatrice la traverse, en tant que mère puis en tant que soignante. C’est ce qui rend le récit poignant.

Je transpose le récit de Chambre 2, son récit social, documentaire, dans une esthétique épurée, quasi onirique. Dans cet espace atemporel, immatériel, un seul objet, indéfinissable, aussi blanc que le sol est noir, constitue le partenaire de jeu de Béatrice. Tout autour le vide. La solitude de la comédienne faisant écho à la fragilité du personnage. Cet espace vide, dessiné par la lumière et le son, évoque tour à tour l’hôpital et la folie des salles de concerts, des tournées… mais aussi l’intime de Béatrice. Car au cœur de Chambre 2 il y a une renaissance, celle de Béatrice.

La traversée de Béatrice bouscule, émeut, réveille les fantômes, entre moments de grâce et parfois d’humour. C’est une odyssée sur la puissance de nos résiliences, sur notre capacité à la disparition et à la renaissance. C’est ce j’ai envie de partager avec ce spectacle.

Catherine Vrignaud Cohen