• Saison 2022-2023
Salle Aéroplane
1h20
dès 10 ans

De Léonore Confino
Mise en scène Catherine Schaub

Si vous deviez vous débarrasser de certains mots, lesquels choisiriez-vous ? Dans un monde où le vocabulaire est une monnaie qu’on cède définitivement, la pensée disparaît en même temps que la langue.

Un marchand débarque dans un village pour y vendre des objets aussi inutiles qu’indispensables. L’argent n’y existe pas, alors il propose aux villageois de le payer en mots. La pénurie de vocabulaire grandit au fur et à mesure que la consommation déborde, attisant les incompréhensions et la violence. Le sacrifice des mots conduit vite au sacrifice de la pensée ; alors, la langue des signes devient celle de la résistance.

Le Village des sourds donne à voir l’organisation puis la dégradation d’une société en montrant qu’en se séparant de leurs mots, les villageois se désarment eux-mêmes.

Avec Jérome Kircher et Ariana-Suelen Rivoire

Assistanat à la mise en scène Clara Urosevic
Scénographie Emmanuel Clolus
Lumière Thierry Morin
Univers sonore R. Jéricho
Costumes Julia Allègre

Production Compagnie Productions du Sillon. Coproduction Châteauvallon–Liberté – Scène nationale, La Maison / Nevers – Scène conventionnée art et territoire, La Grande Scène du Chesnay-Rocquencourt, Le théâtre municipal Berthelot-Jean Guerrin de Montreuil, Théâtre le Vallon de Landivisiau. Lauréat du prix théâtre SACD. Coréalisation Théâtre du Rond-Point. Le texte sera édité chez Actes Sud-Papiers à l’automne 2022.

Le texte creuse les relations entre appauvrissement du langage et violence. En sacrifiant leurs mots, les villageois ne sont bientôt plus capables d’identifier les stratégies d’oppression venant du pouvoir. Les violences se répercutent entre eux, à leur niveau. Par ailleurs, à travers le système de consommation qui s’introduit dans le village, s’illustre le paradoxe de notre société : à quel point la propriété et le temps que nous lui consacrons sont-ils compatibles avec le souci du bien commun ?
C’est pourtant bien l’injonction contradictoire à laquelle nous devons répondre en permanence. Enfin, le village des sourds aborde la question du plurilinguisme : le personnage de Gurven donne voix à Youma, narratrice sourde. Il communique avec elle en langue des signes, elle corrige quand il manque de précision. À eux deux, ils
façonnent une langue hybride pour donner corps à leur histoire. Cette circulation permanente entre la langue des signes et la langue orale rappelle que l’imaginaire n’a pas de frontières… pourvu que l’écoute soit au cœur de la relation.